La police fédérale américaine semble secrètement avoir eu un nouveau moyen d’épingler les suspects en fournissant des preuves de leur présence sur les lieux du crime, au moment du crime. Un mandat de perquisition demandé par un officier du FBI a attiré l’attention du média US The Verge sur cette question.
Le mandat concerne un homme de la soixantaine qui répond au nom de Timothy Graham, arrêté pour avoir volé une agence de Bank of America en Californie en novembre dernier. Il a été identifié par des témoins et après une perquisition, la police a trouvé chez ce dernier des vêtements et une arme à feu correspondant exactement à ceux qui ont été utilisés pour commettre le vol. Mais le problème, c’est qu’un peu plus tôt, en février de la même année, la même banque avait été victime d'un vol à main armée, où un homme masqué s'est tiré avec plus de 3000 dollars. Les enquêtes de la police n'ont pas permis d'identifier l'auteur de ce vol à cause de son masque. Mais l'auteur de ce délit présentait les mêmes caractéristiques que celui du vol de novembre, c’est-à-dire monsieur Graham. Ce qui laisse croire qu'il s'agit de la même personne.
Le FBI a résolu le hold-up de novembre, mais est convaincu que monsieur Graham est également l’auteur du vol de février. Le bureau fédéral ne peut toutefois pas l’incriminer en se basant juste sur des caractéristiques physiques similaires, étant donné que personne n’a vu son visage lors du vol de février. Comment donc prouver la culpabilité de monsieur Graham pour cet autre vol ? Le FBI pense que la clé pour résoudre l’énigme se trouve chez Google, avec le giga entrepôt de données alimenté par les données de son application Location History.
Google Location History ou Historique des positions est une application qui enregistre les positions et les déplacements des utilisateurs d’Android, lorsque les fonctions de géolocalisation (GPS, 3G, localisation Wifi, etc.) sont activées sur leurs dispositifs mobiles. Google Location History permet de visualiser sur une carte l'ensemble des déplacements enregistrés, jour par jour, heure par heure ou même minute par minute. Chaque point représenté sur la carte correspond à une position et à une heure à laquelle cette position a été enregistrée. Cette application peut être désactivée, mais en le faisant, les utilisateurs seront privés d’une bonne partie des services de Google, lesquels reposant en effet sur les données de localisation des utilisateurs. Ce qui fait que de nombreux utilisateurs ont cette fonction toujours activée sur leurs mobiles.
Le FBI a donc demandé à avoir accès aux données de localisation du Samsung Galaxy S5 de Graham. Les enquêteurs s’étaient déjà rendus chez l’opérateur de téléphonie de Graham, AT & T, mais estiment que les données de Google étaient plus précises. En effet, les données de l’opérateur de téléphonie peuvent localiser le dispositif de l’utilisateur dans un certain rayon, en fonction des tours de téléphonie cellulaire les plus proches. Pour information, les télécommunications de réseau sans fil reposent sur un vaste réseau de tours de téléphonie cellulaire qui sont en fait des équipements et antennes qui servent de stations de base pour les téléphones cellulaires et réseaux sans fil locaux. Si elles permettent donc de localiser un appareil mobile dans un rayon, Google Location History pourrait localiser l’utilisateur dans un bâtiment, ce qui pourrait donc placer Graham dans la banque au moment où le vol a eu lieu.
D’après l’agent du FBI qui a écrit la demande de mandat pour obtenir les données de localisation du téléphone de monsieur Graham, sa formation, son expérience et ses consultations avec d’autres agents du FBI lui permettent de dire que Google peut lui fournir les informations dont il a besoin. C’est-à-dire les données GPS, les points d’accès Wifi et les informations relatives aux déplacements du téléphone du suspect. En ce qui concerne ces autres agents dont il parle, il note que ceux-ci sont « expérimentés dans les enquêtes similaires » qui font appel aux « données GPS, informations de tour de téléphonie cellulaire et points d’accès Wifi ». Cela sous-entend donc qu'ils auraient déjà exploité ce moyen dans leurs enquêtes.
En parlant aussi de formation, The Verge cite le média US The Intercept qui a publié un manuel de formation de la police US. Cette formation porte sur le service de Google et propose même des modèles de demande de mandats pour obtenir les données de localisation. The Verge note également qu’à la suite de cette formation, les demandes de mandats pour l’obtention de données de Google Location History se sont multipliées.
Le service de Google semble donc être devenu un élément de la boite à outils du bureau fédéral d’investigation américain. Il faut toutefois noter que les utilisateurs peuvent modifier ou supprimer les données de localisation. Mais en cas de suppression, Google explique que les données seront effacées de ses serveurs dans la demi-heure suivant la requête de l’utilisateur.
En ce qui concerne le cas de monsieur Graham, il n’est pas confirmé que Google ait cédé à la demande du FBI. Contacté par The Verge, un représentant du géant de Mountain View a refusé de faire des commentaires. Ce dernier aurait toutefois déclaré que les mandats étaient en accord avec leur politique générale en ce qui concerne les données des utilisateurs. Il aurait en effet affirmé que Google « répond aux demandes légales valables et exige un mandat pour divulguer les données de l’historique des positions ».
Sources : The Verge, Demande de mandat de perquisition pour le cas de Timothy Graham
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Le , par Michael Guilloux
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