Après le passage de Peter Bricks, l’avocat d’Oracle, le président exécutif d’Alphabet, Eric Schmidt est passé à la barre des témoins pour donner sa version des faits, en ce qui concerne l’utilisation des API Java dans Android. Lors de son intervention, monsieur Bricks a essayé de persuader les jurés que la firme de Mountain View a délibérément violé la propriété d’Oracle, et par cet acte, a détourné l’opportunité et les revenus de son client.
Interrogé par l’avocat de Google avant celui de la partie adverse, l’ancien PDG de Google, Eric Schmidt a relaté la genèse d’Android. Il montre surtout que Jonathan Schwartz, le PDG d’alors de Sun Microsystems, était favorable à l’utilisation de Java dans Android. Ayant lui-même travaillé à Sun Microsystems au moment où la société développait le langage Java, l’ancien PDG de Google explique qu’il n’y avait pas de frais à payer pour utiliser le langage. Eric Schmidt met en avant de très bonnes relations avec Schwartz et affirme que ce dernier était informé du développement d’Android, mais n’a exprimé aucune désapprobation, que ce soit par email, dans une discussion, lors d’une rencontre ni d'aucune autre manière. Il ajoute encore que Jonathan Schwartz ne lui a jamais dit qu’il devait avoir une licence de Sun Microsystems pour utiliser les API Java, ou qu’il était en infraction en le faisant. D’ailleurs, l’ancien PDG de Sun Microsystems avait félicité Google pour le choix de Java pour Android. Sun voulait en effet voir Java gagner davantage en popularité, et l’action de Google allait tout simplement y contribuer.
La stratégie de l’avocat de Google s’appuyait sur le fait que Java est un langage ouvert et libre d’utilisation. Robert Van Nest a également rappelé que l’utilisation des API Java dans Android a été transformatrice. Autrement dit, cela a permis de produire quelque chose de nouveau et complètement différent de ce qui existe déjà. Mountain View « a passé plusieurs années et dépensé des centaines de millions de dollars pour créer Android en utilisant le savoir-faire de Google, » explique Van Nest. « Ils ont créé une nouvelle plateforme d’innovation de marque pour les smartphones et tablettes », laquelle plateforme « est allée au-delà de tout ce qu’aucun d’entre nous n’avait jamais vu auparavant », a-t-il précisé.
Il montre encore que la version de Java sur laquelle reposent les API qui ont été utilisées pour construire Android (Java 2 Standard Edition) était trop précoce pour supporter les smartphones. Google a donc abattu un travail énorme en combinant des API qui étaient conçues pour des plateformes de bureau avec 130 packages d’API Android pour mettre en place un système d’exploitation mobile robuste. Ce qu’Oracle et Sun Microsystems n’ont pas réussi à faire.
Cet argument vient pour renforcer le fair use défendu par Google. D’ailleurs, la société revient sur les 11 000 lignes de code Java en faisant remarquer qu’elles représentent « moins d’un dixième d’un pour cent » des 15 millions de lignes de code Android.
En parlant de ceux qui ont félicité Google pour Android, Van Nest fait passer une vidéo datant de 2009, dans laquelle le PDG d’Oracle, Larry Ellison avait également applaudi l’utilisation de Java dans Android. « Nous allons voir beaucoup de dispositifs Java, certains d'entre eux venant de nos amis de Google, » s’est-il réjoui à l’époque. Ainsi, pourquoi Oracle essaie-t-il aujourd’hui d’obtenir des dommages et intérêts de Google ? La réponse se trouve peut-être dans les autres preuves présentées par l’avocat de Google.
Comme Peter Bricks, Van Nest a sorti des documents internes d’Oracle dans lesquels la société reconnait avoir échoué dans le mobile avec Java. « Notre stratégie mobile Java est un échec », peut-on le lire dans un document qui a été projeté lors de l’audience. Dans un autre, Oracle se plaint de « l'expertise interne très limitée pour prendre des décisions intelligentes » en ce qui concerne le domaine du mobile.
Pour Van Nest, cela prouve que « M. Ellison a compris qu'il ne pouvait pas utiliser Java pour construire un smartphone, et c'était trop tard pour un partenariat avec Google ». Ce serait donc ce qui a donné naissance aux accusations d’Oracle.
Sources : Témoignage d’Eric Schmidt, Intervention de l’avocat de Google
Et vous ?
Qu’en pensez-vous ?
Procès API Java : le PDG d'Oracle aurait applaudi l'utilisation de Java dans Android en 2009
D'après une vidéo présentée par l'avocat de Google
Procès API Java : le PDG d'Oracle aurait applaudi l'utilisation de Java dans Android en 2009
D'après une vidéo présentée par l'avocat de Google
Le , par Michael Guilloux
Une erreur dans cette actualité ? Signalez-nous-la !