Depuis le début du mois d’avril, une enquête coordonnée par le Consortium international des journalistes d’investigation (International Consortium of Investigative Journalists, ICIJ), qui distribue des documents du Panama (Panama Papers) à une centaine de rédactions dans 76 pays, met progressivement en lumière un scandale de fraude fiscale liée à des sociétés offshore situées au Panama. Au total, plus de 11,5 millions de fichiers en provenance des archives du cabinet panaméen Mossack Fonseca, spécialiste de la domiciliation de sociétés offshore, sur une période située entre 1977 et 2015, donnent des informations sur plus de 214 000 sociétés offshore ainsi que les noms des actionnaires de ces sociétés parmi lesquels figurent des politiciens, des milliardaires, des sportifs de haut niveau ou des célébrités.
Suite aux différentes révélations relatives à Panama Papers, les journalistes dee l’ICIJ ont décidé de mettre en ligne la première salve des documents relatifs à l’affaire des Panama Papers. « Lorsque les données seront publiées, les utilisateurs seront en mesure de naviguer sur les données et de visualiser les réseaux autour de milliers d’entités offshore, parmi lesquelles, lorsqu’ils seront disponibles, les enregistrements internationaux de Mossack Fonseca sur les véritables propriétaires de l’entreprise. La base de données interactive va également contenir des informations sur plus de 100 000 autres entreprises qui font partie de l’enquête de 2013 ICIJ Offshore Leaks ».
Ils préviennent toutefois que « bien que la base de données ouvre un monde qui n'a jamais été révélé à une telle échelle, l'application ne sera pas un "vidage de données" des documents originaux : il s’agira d’une version des informations basiques entreprises. ICIJ ne publiera pas les données personnelles en masse ; la base de données ne comprend pas les dossiers des comptes bancaires et des transactions financières, des courriels et autres correspondances, les passeports et les numéros de téléphone. Les informations sélectionnées et limitées sont en cours de publication dans l'intérêt public ». L’ICIJ entend donc protéger la vie privée des personnes touchées par les révélations.
Il faut rappeler qu’une multitude de personnalités de premier plan sont concernées par ces révélations. Les premiers éléments dévoilés le 3 avril ont désigné Sergueï Roldouguine, proche du président russe Vladimir Poutine tout comme la famille de Bachar el-Assad, mais aussi l'Islandais Sigmundur Davíð Gunnlaugsson qui a préféré démissionner. Nawaz Sharif, Premier ministre du Pakistan est également concerné, ainsi que Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, les enfants d'Ilham Aliyev, président d’Azerbaïdjan, le président argentin Mauricio Macri, le président ukrainien Petro Porochenko, l'ancien Premier ministre du gouvernement irakien Ayad Allawi, l'ancien chef du gouvernement ukrainien Pavlo Lazarenko.
Il faut noter que la personne derrière cette alerte a souhaité s’exprimer tout en conservant son anonymat. John Doe (X en français) est sorti de son silence le temps d’une prose qu’il a intitulée « la révolution sera numérique ». « Les inégalités de revenus sont l’un des problèmes les plus marquants de notre ère. Il nous affecte tous, de par le monde. Le débat sur sa soudaine accélération fait rage depuis des années, avec des politiciens, des académiciens et des activistes qui semblent incapables de l’endiguer nonobstant les innombrables débats, les analyses statistiques, quelques maigres protestations et des documentaires à l’occasion. Cependant, des questions demeurent : pourquoi ? Et pourquoi maintenant ? », a-t-il commencé. Selon lui, cette enquête y répond en mettant en lumière « une corruption massive et généralisée » et « ce n’est pas une coïncidence que ces réponses proviennent d’un cabinet d’avocats ».
Il y exprime également son regret de voir le sort réservé aux lanceurs d’alertes ou encore l’incapacité des grandes organisations démocratiques à garantir une équité entre les citoyens sur le plan financier. « L’évasion fiscale ne peut pas être endiguée tant que les élus auront besoin de l’argent de certaines élites qui sont celles qui ont le plus intérêt à éviter les taxes », a-t-il précisé.
« Les historiens pourront facilement raconter comment les questions relatives à la fiscalité et aux déséquilibres du pouvoir ont conduit à des révolutions dans les siècles passés. Ensuite, la puissance militaire était nécessaire pour subjuguer les peuples, alors que maintenant, restreindre l'accès à l'information est tout aussi efficace ou plus, puisque l'acte est souvent invisible. Pourtant, nous vivons dans un temps de bon marché, avec le stockage numérique illimité et des connexions Internet rapides qui transcendent les frontières nationales. Il ne faut pas beaucoup pour relier les points : du début à la fin, la création d’une distribution mondiale des médias, la prochaine révolution sera numérisée »,a-t-il conclu.
consulter la base de données (ICIJ)
Source : ICIJ (annonce de la disponibilité de la base de données), ICIJ (prose du lanceur d'alerte)
Panama Papers : les journalistes de l'ICIJ ont mis à la disposition du public une base de données
Contenant des documents issus de cette enquête
Panama Papers : les journalistes de l'ICIJ ont mis à la disposition du public une base de données
Contenant des documents issus de cette enquête
Le , par Stéphane le calme
Une erreur dans cette actualité ? Signalez-nous-la !