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Le format Office Open XML de Microsoft est « en observation »
Dans un arrêté publié le 20 avril dernier, le Premier ministre français a approuvé et donc officialisé la version 2.0 du Référentiel Général d'Interopérabilité (RGI). Le RGI est un document décrivant un ensemble de normes et bonnes pratiques communes aux administrations publiques françaises dans le domaine informatique. L'élaboration du RGI a commencé en janvier 2006 et a été conduite par la Direction générale de la modernisation de l'État (DGME). Mais depuis 2011, son évolution est confiée à la direction interministérielle des systèmes d'information et de communication (DISIC) qui est devenue la direction interministérielle du numérique et du système d'information et de communication de l'État (DINSIC).
Parmi les changements notables dans cette nouvelle version par rapport à la version 1 de 2009, le format Open Document (ODF) devient le seul format recommandé pour échanger des documents bureautiques révisables. Ce statut signifie que le format de fichier ouvert conçu pour les applications bureautiques répond à tous les critères de sélection, et est aligné avec la stratégie de transformation et de modernisation du système d’information et de communication de l’État. Par conséquent, il doit être respecté et appliqué par tous.
En ce qui concerne le format Office Open XML (OOXML) de Microsoft, il lui a été assigné le statut « en observation ». Cela signifie que « son application est à prendre avec précaution, et seulement après une phase de tests et d’expérimentations qu’il conviendra de partager avec la communauté », peut-on lire dans le RGI. « Dans le cas où les expérimentations seraient probantes, il passerait dans une version suivante du RGI au statut "recommandé", dans le cas contraire il serait retiré du référentiel », est-il précisé.
La version 2 du RGI justifie le nouveau statut du format de Microsoft par sa complexité et son manque d’ouverture notamment dans la gouvernance de la norme. Selon le document, seule la suite d'Office à partir de la version 2013 est complètement compatible avec la norme. Si cela a probablement joué en faveur du format Office Open XML pour son maintien dans le RGI, la DINSIC voit surtout le format OOXML comme une alternative pour échanger des informations sous forme de tableaux, notamment si ces documents embarquent du code. Ci-dessous, le commentaire fait par la DINSIC dans le RGI :
« Office Open XML est une norme ISO/CEI 29500 créée par Microsoft, destinée à répondre à la demande d’interopérabilité dans les environnements de bureautique. Ce format (dont les suffixes sont .docx, .xlsx, .pptx...) est utilisé à partir de Microsoft Office 2007, en remplacement des précédents formats Microsoft (reconnus à leurs suffixes tels que : .doc, .xls, .ppt), il est toutefois légèrement différent, pour ces versions d'Office, de la norme ISO définitive, qui a tenu compte des remarques des membres de l'organisme normalisateur. Seule la suite Office à partir de la version 2013 est totalement compatible avec la norme (en lecture et en écriture). Le standard est conservé dans le RGI au statut "en observation". Sa complexité, son manque d’ouverture (notamment dans la gouvernance de la norme) et le strict respect tardif de la norme par Microsoft même n’ont pas permis de réviser son statut. Pour des besoins d’échanges d’informations sous forme de tableaux qui notamment embarqueraient du code, l’utilisation d’OOXML peut être une alternative. C’est toutefois une pratique à encadrer. »
Après la vague de critiques qu’a soulevée le partenariat entre Microsoft et l’Éducation nationale en novembre dernier, l’April, une association française pour la promotion et la défense du logiciel libre salue le travail de la direction interministérielle du numérique. En juillet dernier, l’April avait en effet dénoncé un lobbying exercé par la firme de Redmond pour intégrer le format Office Open XML dans le RGI, alors qu'il ne figurait plus dans le référentiel, dans la version 1.9.7 de mars 2015. L’association pour le logiciel libre se réjouit donc du fait que Microsoft n’aura pas plus que le statut « en observation » pour son format pour les documents bureautiques.
Mais quelles pourraient être les implications d'une telle mesure ? En dehors des considérations open source et propriétaires, vu leur popularité, peut-on vraiment écarter les formats de Microsoft dans l'échange de documents bureautiques révisables ? Cette mesure est-elle viable dans la pratique ?
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Sources : Arrêté portant approbation du RGI, April
Et vous ?
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Voir aussi :
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