Les projets d'automatisation se multiplient et débarquent dans de nouveaux domaines. À titre d’exemple, des étudiants de trois universités ont collaboré avec le groupe Volvo et la société de recyclage des déchets, Renova, pour mettre en place un système automatisé de ramassage d’ordures. Le projet, baptisé ROAR (Robot-based Autonomous Refuse Handling) fait travailler ensemble un robot et un drone. Lorsque le camion de ramassage d’ordure arrive sur un site de collecte, le drone survole la zone pour rechercher des poubelles. Lorsqu’une poubelle est repérée par le drone, celui-ci communique l’information au robot terrestre qui peut dès lors aller chercher la poubelle, la ramener au camion pour la vider.
Pendant le trajet entre le camion d’ordures et la poubelle à récupérer, le robot est capable de reconnaître les obstacles et de les éviter grâce à une caméra et un ensemble de capteurs dont le GPS et le LiDAR (un système similaire au radar, mais utilisant la lumière infrarouge au lieu d’ondes radio). Le robot intègre de nombreux capteurs qui sont utilisés uniquement pour assurer la sécurité, notamment pour arrêter la manœuvre en cas de danger. Au stade actuel du prototype, l’Homme est encore associé à la collecte pour s’assurer que les choses fonctionnent correctement.
Au-delà d’un simple progrès, essayons de voir la robotisation et l’intelligence artificielle d’une autre façon. On peut facilement constater que les robots qui étaient chargés de réaliser les tâches à risque ou celles qui demandent trop d’efforts physiques sont progressivement en train d’être affectés à des tâches plus « humaines », voire ravir à l’Homme sa place au travail. Dans divers domaines, on assiste à l’émergence d’une autre forme de robots, des logiciels qui sont capables d’exécuter des tâches intelligentes de sorte à rendre parfois l’Homme inutile, en n’automatisant pas juste quelques tâches, mais son emploi.
Il y a par exemple une histoire bien connue selon laquelle les robots remplacent les employés des usines et des entrepôts. Mais maintenant, cela ne semble plus se limiter qu’aux industries qui emploient beaucoup d’ouvriers. Le logiciel est de plus en plus en train de faire les tâches plus intellectuelles qui ont longtemps été l’apanage de gens instruits assis sur des chaises dans des bureaux. La vulnérabilité des emplois plus qualifiés est tout simplement une conséquence du progrès de la science avec notamment la grande disponibilité et le prix rapidement en baisse de la puissance de calcul, ainsi que la montée des logiciels d’apprentissage automatique.
Les robots font donc une invasion sur tous les fronts, tant au niveau des activités physiques qu’au niveau des activités plus intellectuelles. Quels sont donc les impacts de cette intelligence artificielle et quels sont les emplois qui sont menacés ? L’intelligence artificielle (IA) est-elle un mal nécessaire ?
Fin 2013, une étude universitaire d’Oxford a prédit que 47 pour cent des emplois américains sont à « haut risque » d’être automatisés au cours des 20 prochaines années. L’étude portait sur 702 professions. Elle était basée sur les données du ministère du Travail, et a permis d’attribuer une probabilité d’automatisation à chacune de ces professions.
Selon l’étude d’Oxford et d’autres recherches, si tous les emplois semblent être menacés, les impacts varient considérablement selon l’industrie. Ainsi, dans les industries où l’interaction humaine est essentielle, l’automatisation menace moins d’emplois qu'elle ne le fait sur le marché du travail dans son ensemble. C’est le cas par exemple des soins de santé. D’autre part, les métiers de chauffeurs de taxi et de camion pourraient faire face à un avenir sombre étant donné les progrès récents dans les voitures autonomes.
Les professions un peu mieux rémunérées telles que celles des avocats et des journalistes sont également menacées comme l’étude a pu le montrer. Les chercheurs d’Oxford ont en effet considéré des logiciels qui permettent d’analyser et de trier des documents juridiques ou réaliser de manière efficiente d'autres tâches sur lesquelles les avocats pourraient passer des heures. En ce qui concerne les journalistes, ils sont également confrontés à des startups comme Automated Insights, qui analysent les informations et les transforment en récits lisibles. Il y a également le milieu de la finance qui se distingue par un risque d’automatisation particulièrement élevé (54 % selon l’étude), le plus élevé dans toute l’industrie qualifiée, parce qu’il repose sur le traitement de l’information.
Dans son magazine hebdomadaire de ce dimanche, The New York Times a dédié un article à l’avènement des logiciels robots dans le Wall Street, en expliquant que des centaines d’analystes financiers sont en train d’être remplacés par des logiciels. Interrogé par The New York Times, Daniel Nadler, cofondateur et PDG de Kensho a exprimé son inquiétude sur la question. Kensho est un pionnier des systèmes de calculs statistiques et d’analyses en temps réel. Il combine les dernières techniques de Big data et de machine learning pour analyser l’impact des évènements du monde réel sur les marchés. Financé par des entreprises telles que Goldman Sachs et Google Ventures, Kensho fournit des outils d’analyses pour les marchés financiers et des applications de calcul statistique et d’analyse de risques financiers.
Si cela lui permet de gagner son pain quotidien, Nadler reconnaît l’impact néfaste que pourrait avoir son business sur l’emploi dans l’industrie de la finance. Il estime qu’en une décennie, entre un tiers et la moitié des employés actuels de la finance vont perdre leur emploi au profit de Kensho et d’autres logiciels d’automatisation.
Dans le milieu de la finance, l’automatisation commence à menacer les métiers de la recherche et de l’analyse, alors que ces logiciels sont devenus capables d’analyser de grands ensembles de données beaucoup plus vite et de manière plus fiable que les humains, a-t-il expliqué. Nadler estime que dans un horizon de cinq à dix ans, la majorité des personnes exerçant ces métiers ne va pas être remplacée par d’autres personnes, mais par des logiciels.
La question de l'automatisation est d'ailleurs difficile à aborder avec les dirigeants des entreprises du monde de la finance en particulier Goldman Sachs, révèle Nadler. « Lorsque vous commencez à parler de l’automatisation des emplois, tout le monde devient vraiment calme tout d’un coup ». Avec l’automatisation, résume Nadler, « nous créons un très petit nombre d’emplois bien rémunérés en échange de la destruction d’un très grand nombre d’emplois assez bien rémunérés ».
Voici présentées les deux faces de la robotisation et l’intelligence artificielle.
Sources : Volvo Group News, The New York Times Magazine
Et vous ?
Pensez-vous que les robots et l’intelligence artificielle produisent plus de bien-être que d’impacts néfastes ?