En tant que chef de la direction de Yahoo, Marissa Mayer avait décidé d'effectuer un examen de la performance trimestrielle dans lequel ses collaborateurs recevaient une note sur 5. Ces notes trimestrielles auraient déjà été utilisées pour congédier de nombreux employés depuis que Marissa Mayer a pris la tête de Yahoo en 2012.
Lors de la publication des résultats du troisième trimestre de l'entreprise en octobre dernier, Marissa Mayer avait déclaré vouloir « resserrer la stratégie du groupe et se concentrer sur moins de produits avec une qualité plus élevée ». Une opération qui implique une suppression d'emplois, près de 15 % de ses effectifs selon le Wall Street Journal, et qui devrait être détaillée aujourd'hui, en marge des résultats annuels de l'entreprise qui seront publiés après la clôture de la bourse américaine.
Dans une poursuite déposée à la Cour de district fédéral de San José (en Californie) hier, Gregory Anderson, un éditeur qui a supervisé les sites de Yahoo relatifs à l'immobilier, aux voyages, aux automobiles ainsi qu'aux petites entreprises, a affirmé qu'avant qu'il ne soit renvoyé en novembre 2014, les cadres supérieurs de l'entreprise manipulaient systématiquement le système de notation pour renvoyer des centaines de personnes sans que le problème se situe forcément au fait qu'elles n'arrivent pas à atteindre les objectifs financiers de l'entreprise.
Une situation qui, selon lui, a conduit à des licenciements massifs illégaux de 600 autres employés mal notés au moment de son licenciement. Sous la loi californienne, le licenciement de 50 employés dans les 30 jours au même siège comme celui de Sunnyvale où il travaillait requiert que l'employeur donne aux travailleurs un préavis de 60 jours. Une loi fédérale similaire, la Worker Adjustment and Retraining Notification Act, requiert également qu'un préavis soit donné dans le cadre d'un licenciement de plus de 500 employés.
Cependant, selon le New York Times, Yahoo n'a jamais accordé de tels préavis, mais s'est séparé de 1100 employés entre fin 2014 et début 2015, ostensiblement pour des raisons de performance. Si la Cour estime que Yahoo est coupable, l'entreprise pourrait être obligée de payer 500 dollars d'indemnités par jour de préavis plus la rémunération et les avantages qu'ils auraient eus s’ils avaient eu droit au préavis.
Le département californien Fair Employment and Housing enquête également sur le fait de renvoyer un employé Yahoo en s'appuyant sur des notations, selon Jon R. Parsons, l'avocat de Gregory Anderson. Fahizah Alim, une porte-parole de l'agence californienne, a confirmé au New York Times qu'une enquête était en cours, mais, à cause des règles de confidentialité, elle ne pouvait pas donner plus de détails.
Dans un communiqué, Yahoo a défendu son système de notation : « notre processus d'évaluation du rendement permet également aux plus performants de bénéficier de plus grandes opportunités dans notre entreprise, et aux moins performants à la quitter ». Yahoo estime que la poursuite de Gregory Anderson n'a pas de mérite et qu'il a cherché à avoir une entente de 5 millions de dollars avant de porter plainte.
La plainte stipule que, dans le contexte du programme interne baptisé Q.P.R, les cadres étaient tenus de donner de faibles notes à un pourcentage de leur équipe en dépit de leurs performances réelles. Les premières évaluations données par les cadres étaient arbitrairement modifiées par les supérieurs qui, la plupart du temps, n'avaient aucune connaissance directe du travail de l'employé. Les employés n'étaient pas informés sur la note qu'ils avaient obtenue et ne disposaient d'aucun moyen efficace pour faire appel.
« Le processus Q.P.R était opaque et les employés ne savaient pas qui prenait les décisions finales, quelle note était donnée et par qui ou alors pourquoi cette note était modifiée. Cette manipulation du processus Q.P.R a permis que des décisions sur l'employé, y compris le licenciement, soient faites sur la base de préjugés personnels et de stéréotypes », a-t-il avancé dans sa plainte.
Dans sa plainte, il a avancé qu'il a été renvoyé pour plusieurs raisons sans lien avec sa performance. Dans son cas, il a reçu une bonne note et même une promotion avant de demander des congés pendant l'été 2014 pour étudier à l'université du Michigan. Bien que sa demande de congés ait été approuvée par deux de ses supérieurs, qui ont déjà quitté l'entreprise, il a reçu un appel le 10 novembre qui lui signifiait qu'il faisait partie des 5 % des ressources humaines de l'entreprise qui allaient être licenciés.
Source : New York Times, WSJ
Voir aussi :
Yahoo : un actionnaire critique les acquisitions faites par son PDG Marissa Mayer ~~et préconise son licenciement
Un ancien employé de Yahoo dépose une plainte contre le système de notation des employés
Approuvé par Marissa Mayer
Un ancien employé de Yahoo dépose une plainte contre le système de notation des employés
Approuvé par Marissa Mayer
Le , par Stéphane le calme
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