Un nouvel audit de TrueCrypt, réalisé par Secure Software Engineering et financé par l’Office fédéral allemand pour la sécurité de l’information (BSI), vient de livrer ses résultats. La conclusion tirée par les chercheurs qui ont examiné le logiciel semble affranchir TrueCrypt de toutes les menaces de sécurité élevées auxquelles il a dû faire face ces deux dernières années.
Rappelons-le, TrueCrypt est un logiciel de chiffrement de disque. Il permet de créer un disque virtuel chiffré (volume TrueCrypt) et de le monter comme un disque physique réel. TrueCrypt permet également de chiffrer une partition entière ou un périphérique, comme une disquette ou une clé USB. Le chiffrement est automatique et se fait en temps réel.
Géré par des développeurs anonymes, le projet TrueCrypt a été abandonné en mai 2014 par ces derniers, laissant derrière eux de nombreux utilisateurs exposés à d’éventuels risques de sécurité élevés. Cela a également donné naissance à un vif débat sur les véritables raisons de l’abandon du développement de la solution de chiffrement.
Des raisons de sécurité étant évoquées pour justifier la fin du projet, une mission d’audit, déjà en cours à l’époque, a été accélérée pour clarifier les choses. Cette analyse du code de TrueCrypt a voulu rassurer les utilisateurs du logiciel de chiffrement de disque, toutefois, les résultats indiquaient quelques failles de sécurité dont la plus grave pourrait permettre à un attaquant de deviner la clé de chiffrement. Les résultats du nouvel audit de sécurité sont plus rassurants et les chercheurs concluent que « TrueCrypt est plus sûr que les examens précédents le suggèrent ».
Dans leur étude de la vulnérabilité de TrueCrypt, ils se sont intéressés tant à la conception qu’au code du programme. Et dans la réalisation de cette tâche, ils ont également considéré et examiné les résultats des évaluations de sécurité antérieures. Cela leur a permis de dire que les vulnérabilités critiques reportées ne sont exploitables que théoriquement.
Par exemple, parmi des vulnérabilités reportées dans le composant pilote il y a un mois, Project Zero de Google a révélé une faille critique qui permet à un code malveillant qui a déjà accès au système d’acquérir une élévation de privilèges. Les chercheurs estiment que ce genre de failles n’est pas intrinsèque à TrueCrypt et que des problèmes similaires pourraient survenir avec tout pilote de niveau noyau. En plus, cette faille « ne fournit pas à un attaquant un accès simplifié à des données chiffrées », ont-ils expliqué. « Pour exploiter cette vulnérabilité, l’attaquant doit avoir un large accès au système de toute façon, par exemple, via un cheval de Troie ou une autre forme d’accès direct ou à distance ».
D’autres vulnérabilités critiques ont été révélées dans le rapport de l’Open Crypto Audit Project (OCAP) livré en avril dernier. Il s’agit d’une vulnérabilité de dépassement de tampon et d’une autre dans la génération des clés de chiffrement sur Windows.
En utilisant des outils d’analyse statique tels que la machine virtuelle KLEE, l’étude financée par la BSI a été en mesure de prouver que les débordements de tampon mis en avant dans le rapport de l’OCAP « ne peuvent pas réellement se produire lors de l’exécution, et éventuellement ne peuvent donc pas être exploités ».
Dans leur rapport, les chercheurs de Secure Software Engineering ont également trouvé des failles dans la façon dont TrueCrypt récupère les nombres aléatoires qu’il utilise pour le chiffrement. Ils confirment donc, comme dans le rapport de l’OCAP, qu’un attaquant peut théoriquement facilement deviner la clé de chiffrement. Mais le problème se produit uniquement « en mode non interactif », ou lors de l’utilisation de certaines politiques de contrôle d’accès sur Windows. Pour cette raison, ils estiment qu’il est peu probable que ce problème ait réellement affecté des utilisateurs. Toutefois, pour se mettre à l’abri, ils suggèrent de rechiffrer les volumes avec une version de TrueCrypt dans laquelle ce défaut a été corrigé.
Pour conclure, les chercheurs affirment que TrueCrypt n’est pas aussi vulnérable qu’on pouvait le penser. « Les défauts que nous avons trouvés étaient mineurs, et des défauts semblables peuvent se produire aussi dans toute autre implémentation de fonctions cryptographiques », ont-ils résumé. « En ce sens, TrueCrypt ne semble pas mieux ou pire que ses alternatives. La qualité de code pourrait être améliorée… Mais en général, le logiciel fait ce pour quoi il a été conçu. »
Source : Secure Software Engineering
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