Amazon est en train d’opérer un changement important dans la répartition de ses ventes européennes, qui va, sans aucun doute, faire plaisir aux fiscs des pays européens dans lesquels le géant de la vente en ligne est installé.
Selon le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, Amazon aurait commencé à payer en Allemagne ses impôts sur le revenu pour les ventes qui ont été réalisées sur le sol allemand.
Cela serait la conséquence d’une mesure qui s’appliquerait également au Royaume-Uni, en Espagne et en Italie, et qui va s’étendre à la France. « ;Nous travaillons à l’ouverture d’une branche en France ;», a confié Amazon au quotidien les Echos.
Tout comme les autres grandes entreprises de l’internet, dont Google, Facebook et Apple, Amazon est sous le feu des critiques depuis 2013 pour les pratiques légales utilisées pour se soustraire des impôts qu’elle doit reverser au contribuable dans de nombreux pays européens, dont le Royaume-Uni, la France ou encore l’Allemagne.
Concrètement, l’entreprise s’arrangeait à facturer l’ensemble de ses ventes en Europe à partir de son siège européen basé au Luxembourg, profitant ainsi de la fiscalité avantageuse du pays. Depuis 2003, l’entreprise bénéficierait d’un accord de « tax ruling » limitant sa taxation à moins de 1% de ses revenus dans le pays. Ainsi, dans les pays européens où les ventes sont réalisées, Amazon se contente de payer la TVA, et les impôts sur les bénéfices sont payés au Luxembourg, au détriment des fiscs de ces pays.
Le « tax ruling » est un dispositif légal qui autorise une entreprise à demander à l’avance comment sa situation fiscale sera traitée. Ce qui lui permet d’effectuer des simulations pour repartir au mieux ses profits et ses couts entre ses filiales pour payer le moins d’impôts possible.
En 2012 en Allemagne, Amazon n’avait, par exemple, payé que 3 millions d’euros d’impôts sur les sociétés, pour un d’affaires de près de 9 milliards d’euros dans le pays.
Bien que légales, ces pratiques sont de plus en plus contestées en Europe. Ce qui avait poussé le régulateur européen à se pencher sur le dossier. La commission européenne avait annoncé en fin d’année dernière l’ouverture d’une enquête sur l’optimisation fiscale de certaines multinationales, dont Amazon au Luxembourg, Apple en Irlande, Starbucks aux Pays-Bas et Fiat au Luxembourg.
Certains gouvernements ont pris des mesures drastiques pour contrer cela. Au Royaume-Uni, un impôt sur les « bénéfices détournés » connu sous le nom de « Google Tax » est entré en vigueur depuis le 1er avril dernier, et permettra de prélever 25% sur les bénéfices des multinationales pour les activités qui ont été réalisées au Royaume-Uni et qui ont été comptabilisées ailleurs.
Toutefois, du côté d’Amazon, on fait savoir que les nouvelles orientations de la firme n’ont rien à voir avec l’entrée en vigueur de cette taxe. « Nous revoyons régulièrement la structure de notre activité (...). Il y a plus de deux ans, nous avons commencé à établir des branches locales nationales de Amazon EU », a expliqué un porte-parole de la firme.
Ce choix d’Amazon pourrait inciter de nombreuses autres entreprises à suivre la même voie.
Source : Les Echos, New York Times
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Le , par Hinault Romaric
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