Les documents top secrets analysés par CBC News en coopération avec The Intercept montrent les possibilités acquises par l’agence de renseignement canadienne, à savoir le CSEC (Communications Security Establishment Canada) grâce à un vaste arsenal d’outils de « cyberguerre » mis au point avec la collaboration de ses homologues : l’Agence Nationale de Sécurité Américaine (NSA) et le Quartier Général des Communications du Gouvernement Britannique (GCHQ).
Ces documents, datant pour la plupart de 2011, auraient aussi révélé que le CSEC prévoyait de « devenir plus agressif d’ici à 2015 », selon les termes de CBC News.
Selon l’analyse des experts, la boîte à outils du CSEC inclurait la possibilité de rediriger quelqu'un vers un faux site, voler des informations privées, surveiller les activités des internautes, perturber les téléchargements, infecter la machine d’un internaute pour copier les données stockées sur son disque dur, pirater les réseaux pour brouiller les activités de l’agence et créer des troubles sur internet en prétendant être un autre gouvernement ou un hacker. Un des experts aurait même suggéré que cet arsenal d’outils d’espionnage s’appuie en partie sur « une série de programmes malicieux développés par la NSA dans le cadre d'un programme connu sous le nom de QUANTUM ».
Cependant, les documents secrets auraient aussi révélé que les capacités de cyberespionnage canadiennes vont au-delà du simple « piratage pour le renseignement ». En effet, il semblerait que cette boite à outils de « cyberguerre » permettrait d’attaquer les infrastructures ennemies (telles que les systèmes d’électricité, de transports et les banques) afin de les contrôler, de les désactiver ou « de les détruire ». Ces mêmes documents citent aussi la perspective qu’envisageait le CSEC de créer un périmètre de sécurité autour du Canada afin de mieux défendre les intérêts du pays contre les menaces potentielles, ce qui suggère que l'agence préparait un programme de surveillance en masse pour cibler le trafic en ligne de citoyens.
« Avoir cette capacité ne signifie pas nécessairement que nous allons la déployer », déclare Christian Leuprech, professeur au Collège Militaire Royal du Canada, « je pense qu'il est dans l'intérêt du Canada d'avoir cette capacité, parce que si ou quand la question se posera, nous pourrons jouer un rôle majeur dans la prise en main de notre intérêt de sécurité collective », ajoute-t-il.
Concernant le côté juridique de l’opération, le projet de la loi antiterroriste C-51 (actuellement en cours de discussion), pourrait légaliser l’utilisation de certaines cybertactiques décrites par CBC News qui sont au nombre total de 32. Sous couvert de la Loi sur la Sécurité des Informations, le CSEC a refusé de fournir des détails sur cette boite à outils ou l’étendue de ses opérations. Toutefois, dans un document écrit en réponse aux questions de CBC News, l’agence affirme que « toute suggestion que le CSEC surveille l'espace internet canadien - en dehors du réseau du Gouvernement canadien - à des fins autres que celles définies dans la Loi sur la Défense nationale est fausse ».
« Dans certains cas, les questions présentées indiquent une méconnaissance des capacités ou des intentions réelles du CSEC », peut-on y lire également. « Les documents révélés ne sont pas actualisés, et certains explorent des idées possibles pour mieux protéger les systèmes d'information du Gouvernement canadien, tout en cherchant des économies en termes de coûts. En conséquence, l'information dans ces documents ne reflète pas nécessairement les pratiques actuelles du CSEC ou de ses programmes, ou le degré de visibilité dont le CSEC dispose à l’intérieur des infrastructures mondiales ou canadiennes ».
Sources : CBC News, The Intercept
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L'arsenal de « cyberguerre » du CSEC révélé
Les capacités de l'agence canadienne vont au-delà du simple espionnage
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Le , par Amine Horseman
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