Internet semble être l’élément clé des prochaines actions des gouvernements afin de lutter contre le terrorisme.
À la suite de la marche qui a réuni près de 50 chefs d’État à Paris, les ministres européens se sont réunis afin de prendre de nouvelles mesures pour lutter contre le terrorisme. Afin de sauvegarder la liberté d’expression, les ministres européens ont appelé à une surveillance d’interner afin « d’empêcher et détecter la radicalisation à un stade précoce. »
Lundi dernier, le Premier ministre britannique David Cameron a emboité le pas à ceux-ci, au cours d’un discours pendant lequel celui-ci a dévoilé son ambition de mettre fin « aux espaces sûrs » sur internet.
« Les attentats à Paris ont démontré une fois de plus la nécessité de disposer des pouvoirs robustes grâce à nos agences de renseignement et de sécurité, pour garder nos citoyens en sécurité. », a affirmé celui-ci. « Si je suis réélu Premier ministre, je ferais en sorte que nous n’autorisions plus des espaces sûrs que les terroristes peuvent utiliser pour communiquer entre eux. »
David Cameron, Premier ministre britannique
En pleine période électorale, Cameron a affirmé qu’en cas de réélection, il allait relancer la législation sur la surveillance, pour interdire les applications qui utilisent le chiffrement de bout en bout, afin d’assurer la sécurité des utilisateurs.
« Doit-on laisser un espace sûr pour que les terroristes puissent communiquer ? », a interrogé le Premier ministre, avant de répondre : « Je dis non, et nous devons légiférer en ce sens. C'est tout à fait légitime pour une démocratie, le devoir du gouvernement est de protéger son peuple. »
L’application d’une telle législation reviendrait à interdire à tous les citoyens d’utiliser des applications de messagerie comme WhatsApp, Skype, Snapchat ou encore Hangout.
Les déclarations de David Cameron ont été vertement critiquées par des experts en sécurité. « C’est fou. Cameron vit dans les nuages de cuckoo land, s’il pense que c’est une idée judicieuse, non. C’est impossible de mettre cela en œuvre correctement », a affirmé au Guardian Graham Cluley, un expert en sécurité. Certains de ses pairs approchés par le quotidien ont décrit cette approche comme une « belle idiotie » qui lève le voile sur des plans « mal conçus et effrayants. »
Par ailleurs, une autre forme d’application de cette loi pourrait être l’intégration des backdoors dans ces applications, qui pourront être exploitées par les services de renseignements. Sur ce point, Graham Cluley estime que ces portes dérobées donnent la possibilité aux pirates de percer la sécurité de ces applications et dérober les données des utilisateurs.
Il faut noter que l’adoption du chiffrement par les géants de l’IT est vue d’un très mauvais œil pour les agences de renseignements. Le directeur du FBI s’était déjà insurgé pour l’adoption du chiffrement dans iOS et Android. Il avait plaidé pour l’intégration dans les smartphones d’une porte dérobée.
Source : CNN Money, The Guardian
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