Le déroulement de cette aventure et les résultats ont été présentés dans un récent article sur le site de la communauté d’Ubuntu.
Retour en 2006. Munich, troisième ville la plus importante d’Allemagne, dispose de plus de 16 000 PC utilisés par les employés de l’administration. La fin de la prise en charge de Windows NT est proche et celle de Windows XP suivra dans quelques années. La ville de Munich a besoin d’une alternative pour mettre fin aux migrations forcées des solutions propriétaires, qui permettra de :
- accéder à une large gamme d’applications ;
- faciliter l’interopérabilité avec les autres plateformes ;
- bénéficier d’un support constant ;
- réduire les coûts ;
- se libérer des « vendor lock-in ».
Adopter l’open source représente un véritable défi pour la localité. Reposant essentiellement sur les technologies Microsoft et disposant d’applications sur mesure (des macros Office ecrits en VBA) pour Windows, rester dans l’écosystème Microsoft semble plus bénéfique et simple à court terme pour Munich. Cependant, une étude approfondie sur les effets à court et à long terme a finalement poussé la ville à se lancer dans l’open source.
Les administrateurs de la localité étaient conscients qu’il ne s’agissait pas d’une simple migration de l’OS, mais d’une réorganisation complète de l’ensemble de l’infrastructure informatique de la ville. Ceux-ci ont opté dans un premier temps pour un déploiement de Debian en 2006, mais ils avaient besoin d’un cycle de mise à jour plus prévisible.
C’est alors qu’en 2009, la ville de Munich lance le projet LiMux qui vise à mettre sur pied une version personnalisée d’Ubuntu et amorcé une migration de l’ensemble du parc informatique sur l’OS. Le projet devait s’étendre sur plusieurs années et il s’agissait d’une première dans l’univers de l’open source. Le pari était donc risqué et les difficultés énormes, sans compter les pressions de Microsoft. Steve Ballmer, PDG de Microsoft à cette époque, serait allé jusqu’à rencontrer le maire pour stopper le projet. Les projecteurs de l’IT étaient braqués sur le projet LiMux. Il s’agissait là d’un cas qui devait plus tard servir d’exemple en faveur ou contre l’open source.
La ville s’est cependant donné les moyens de réussir son projet : maintien d’une politique de support tout au long du processus, explication des changements auprès des employés, utilisations des blogs et bulletins pour maintenir les participants informés, mise au point des forums pour permettre aux participants d’exprimer leurs préoccupations et poser des questions, etc.
L’objectif du projet LiMux était de migrer 12 000 postes de travail sous Linux. En 2013, la localité avait affirmé avoir migré avec succès 14 800 postes de travail, sur 15 500 PC de l’administration vers Linux. Malgré cette migration massive, l’administration serait toujours restée opérationnelle et réactive. Les administrateurs et les utilisateurs ont pu, avec le temps, se familiariser avec le système d’exploitation et les outils open source.
Au final, l’adoption de l’open source aurait permis à la ville d’économiser plus de 10 millions d’euros. En 2012, près de 6,8 millions d’économies ont été enregistrées uniquement sur les licences Microsoft. En aout 2013, le cout de l’ensemble du projet a atteint 23 millions euros, alors que l’administration aurait pu débourser 34 millions d’euros pour migrer vers Windows 7 et les nouvelles versions d’Office.
Alors qu’un DSI du Royaume-Uni avait déclaré il y a quelque mois que les solutions Microsoft étaient moins chères que l’open source sur le long terme, ce cas pratique vient prouver le contraire. Un exemple à suivre ?
Source : Ubuntu