Pékin digère très mal les accusations des États-Unis contre ses militaires pour cyberespionnage. Après avoir déclaré par la voix de son ministre des Affaires étrangères Qin Gang être la véritable victime de l’espionnage américain, le gouvernement chinois vient de publier un rapport pour étayer ses propos.
La tension continue à monter entre les deux gouvernements, depuis que les États-Unis, ont pour la première fois trainé en justice cinq officiers de l’armée chinoise, pour avoir mené depuis pratiquement six ans des actes de cyberespionnage contre les entreprises américaines des secteurs du nucléaire, des métaux et de l'énergie solaire, qui auraient entraîné le vol de secrets commerciaux.
Le rapport de la Chine qui porte sur la surveillance « sans scrupules » des agences de renseignements américaines sur le reste du monde a été établi à la demande du gouvernement par le centre chinois de recherche sur Internet et est basé sur les documents publiés par Edward Snowden, l’ex-consultant de la NSA, des articles de presse et la propre enquête du gouvernement chinois.
La Chine invite à condamner États unis pour leurs actes d’espionnage. « Ces opérations ont violé de façon flagrante les lois internationales », affirme fermement la Chine dans son rapport. « Ils méritent d’être rejetés et condamnés par le monde entier ».
Par la suite, la Chine se positionne en victime, car elle aurait été la principale cible des programmes de surveillance des États-Unis. « Les bureaux du gouvernement chinois sont des cibles privilégiées des opérations d’espionnage des Américains », dénonce la Chine dans son rapport, qui cite les banques locales, les entreprises de télécommunication et les écoles, qui auraient subi des cyberattaques des États-Unis.
Par la suite, le rapport s’en prend à l’équipementier américain Cisco, affirmant que celui-ci aurait « joué un rôle honteux » dans l’espionnage des États-Unis, et serait même le « pilier qui aide à répandre la puissance du pays sur Internet ». Selon le rapport, Cisco aurait contribué délibérément à l’installation des outils de surveillance et des backdoor dans ses équipements.
La Chine compte désormais procéder à un audit minutieux de tout appareil de télécommunication et d’informatique qui va entrer sur son territoire. De plus, elle va privilégier les produits locaux lors de ses achats.
Les grandes entreprises technologiques américaines et chinoises sont touchées de plein fouet par cette « bataille » entre les deux gouvernements. Les États-Unis avaient été les premiers à bloquer l’accès à leur marché pour le constructeur Chinois Huawei, sous prétexte que ses équipements contiendraient des portes dérobées. Aujourd’hui, c’est au tour de Cisco, IBM et d’autres entreprises américaines de payer les pots cassés. Il faut noter que Pékin aurait également invité les banques chinoises à se séparer des équipements d’IBM, en faveur des fabrications locales. Selon le Financial Times, Pékin aurait par la même occasion demandé aux sociétés publiques de couper tout contact avec les cabinets de conseils américains comme McKinsey et Boston Consulting Group, car ils peuvent être à l’origine des fuites sur des secrets d’État.
Il faut aussi noter qu’avant l’inculpation des soldats chinois, Pékin avait procédé au boycott de Windows 8, justifiant ce geste par une volonté d'éviter un scénario similaire à celui de Windows XP, car plusieurs PC du pays exécutent encore l'OS.
Une sorte de « guerre froide » est ouverte entre la Chine et les États-Unis. Affaire à suivre donc.
Source : Le rapport de la Chine
La Chine accuse à son tour les États-Unis de cyberespionnage à grande échelle
La Chine accuse à son tour les États-Unis de cyberespionnage à grande échelle
Le , par Hinault Romaric
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