Mozilla pour sa part y était farouchement opposé : « L’API EME introduit de nouveaux plugins qui ne sont ni Silverlight, ni flash, appelés modules de décryptage de contenu (CDM) dans HTML5. Nous voyons de sérieux problèmes à cette approche. La première étant le fait que le W3C ne précisera pas le CDM, de sorte que chaque navigateur pourra avoir son propre CDM », écrivait Brendan Eich de la Fondation en octobre dernier.
Cependant, bien des mois plus tard, La Fondation a finalement courbé l’échine. Comme Mitchell Baker, sa directrice générale, l’a expliqué dans un billet, Mozilla « se trouvait dans une situation difficile » : « nous sommes face à un choix », indique-t-elle ; concrètement voici les options et les conséquences qui s’imposaient :
- permettre aux utilisateurs de regarder des vidéos verrouillées par des DRM intégrées par des fournisseurs de contenus (Google, Netflix, etc.) et faire perdre aux utilisateurs un peu de liberté et de contrôle ;
- ne pas supporter les DRM et desservir les utilisateurs qui souhaiteraient regarder ces contenus, et éventuellement perdre ces utilisateurs. Cependant, un navigateur qui n’intégrerait pas le support de ces verrous numériques réduirait les usages des internautes.
Mozilla explique que jusqu'à présent, la prise en charge des DRM, permettant par exemple de bloquer l'accès à une vidéo lorsque sa location a expiré, était assurée par des plugins propriétaires tiers de type Adobe Flash Player ou Silverlight. De plus, la solution du W3C n'a pas satisfait Mozilla puisque la partie centrale n'est pas distribuée en open source. Cependant, « Mozilla seule ne peut pas changer la position de l’industrie sur les DRM », indique Mitchell Baker, qui rappelle que « Google, Microsoft et Apple ont déjà implémenté ce nouveau système ». Mozilla se trouve donc dans une position où il est pieds et poings liés.
C’est donc à contrecœur que l’entreprise a opté pour la première solution : « afin de garantir aux utilisateurs l’accès à leurs vidéos préférées sur Firefox, y compris les films, Mozilla a décidé d’implémenter la norme W3C EME dans Firefox Desktop. Mozilla est en partenariat avec Adobe pour créer une solution DRM qui réponde aux difficiles conditions imposées par les éditeurs de contenus tout en offrant aux utilisateurs un maximum de contrôle et de transparence », comme elle l’explique dans un communiqué.
Pour le moment, les détails de cette intégration dans Firefox ne sont pas encore finalisés. La fonctionnalité sera testée sur plusieurs mois dans des versions de test du navigateur avant un déploiement auprès de tous les utilisateurs.
L’EFF (Electronic Frontier Foundation) n’a pas manqué d’afficher sa déception de voir Mozilla intégrer le support des DRM (tel que préconisé par le W3C) dans les prochaines versions de Firefox. Comme plusieurs autres défenseurs du libre, l’EFF se demande comment Mozilla, qui prône le logiciel libre, l'ouverture et la défense de la vie privée, peut accepter cela. D’ailleurs l’EFF rappelle que les DRM « n’empêchent pas les violations » de la propriété intellectuelle mais « réduisent en revanche la sécurité de nos appareils, la confiance des utilisateurs, rendent la découverte et le rapport de bugs légalement périlleux, sapent la compétitivité, encouragent les secrets et circonviennent les standards ouverts ».
Aussi, les développeurs de Firefox mettent sur pied un point de contrôle permettant à chacun de choisir d’activer ou non le support des DRM.
Sources : Mozilla, EFF, Mozilla
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