Critiqué pour les choix et le modèle de développement adoptés pour la célèbre distribution Linux Ubuntu, Canonical a brandi la carte de ses droits de propriétés intellectuelles pour intimider le détenteur d’un site Web qui fournissait une solution pour remédier à une fonctionnalité polémique du système d’exploitation.
La fonction en question, introduite avec Ubuntu 12.10 Quetzal Quantal, ajoute des liens de suggestions sponsorisés Amazon vers des sujets rattachés lorsqu’un utilisateur lance une recherche d’un fichier, une application, etc. (en local ou sur le Web) à partir de son bureau.
Avec Ubuntu 13.10 Saucy Salamander, cette fonctionnalité a été étendue avec l’intégration de plusieurs autres services Web comme Google, Facebook, Reddit, Wikipedia, etc. La fonction de recherche unifiée d’Ubuntu permet en quelque sorte de tracer l’activité de l’utilisateur, car les requêtes transitent par les serveurs de Canonical à chaque recherche.
Cette fonctionnalité a été vertement critiquée par les acteurs du libre et les défenseurs de la vie privée. Richard Stallman, fondateur de la Free Software Foundation (FSF), était allé jusqu’à qualifier Ubuntu de logiciel espion, invitant les utilisateurs d’Ubuntu à se tourner vers d’autres OS Linux.
Agacé par la recherche unifiée d’Ubuntu, Micah Lee, un expert reconnu pour ses travaux sur HTTPS Everywhere au sein de l'Electronic Frontier Foundation (EFF) et responsable de la Fondation pour la liberté de la presse, a lancé le site FixUbuntu.com, qui est constitué d’une page avec des instructions pour désactiver les fonctionnalités d’Ubuntu qui portent atteinte à la vie privée. « Ubuntu devrait protéger votre vie privée par défaut. Puisqu’il ne le fait pas, vous pouvez utiliser le code à gauche pour désactiver les parties invasives d’Ubuntu, qui portent atteinte à votre confidentialité », peut-on lire sur le site.
Micah Lee a reçu récemment une mise en demeure de Canonical, l’invitant à ne plus utiliser le logo d’Ubuntu, et la marque Ubuntu dans le nom de domaine, ce qui devrait inévitablement entraîner la fermeture du site ou une grosse perte d’audience. « Cela pourrait conduire à une confusion ou une association de votre site à Canonical ou Ubuntu », peut-on lire dans le mail de la société.
Micah Lee, qui estime que la demande de Canonical est contraire à l’éthique du logiciel open source, n’a pas tardé à riposter et à informer Canonical que bien qu’il accepte malgré tout de supprimer le logo d’Ubuntu sur son site, en aucune façon il ne changera le nom du site.
Pour lui, l’utilisation du terme Ubuntu et du logo sur son site est à titre nominatif, dont ne devrait pas constituer une violation de marque déposée.
Pour éviter toute confusion, Micah Lee a ajouté un message d’avertissement à son site : « Au cas où vous êtes soit 1) un idiot complet, ou 2) un avocat, ou 3) les deux, sachez que ce site n’est pas affilié ou approuvé par Canonical Ltd. Ce site critique Canonical pour certaines fonctions qui violent la vie privée des utilisateurs d’Ubuntu et enseigne comment les corriger. Alors, évidemment, le site n’est pas approuvé par Canonical. Et notre utilisation du terme Ubuntu est clairement descriptive. Il aide le public à trouver ce site et comprendre son message ».
Enfin, pour Micah Lee, le seul moyen de fermer son site est de supprimer les fonctionnalités incriminées dans Ubuntu.
Sources : FixUbuntu, Arstechnica
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