Le premier enseignement de ces retours est que beaucoup de PME n’ont qu’une idée vague de ce qu’est le « Cloud » (mais sont-elles les seules ?).
Le deuxième est que les petites entreprises préfèrent avoir un support physique, tangible et concret, pour stocker leurs données. Elles ne sont pas contre le principe d’une sauvegarde à distance, hébergée sur des serveurs, mais il leur faut une bonne vielle clef USB.
Cette conclusion va à l’encontre de tous les argumentaires des « gros » du Cloud. Google, Microsoft ou encore Dell (fournisseur de serveurs) expliquent en effet que ces supports physiques « à l’ancienne » sont dangereux pour les données : on les perd facilement, ils se cassent ou se volent. A l’opposé, le stockage Cloud, avec redondance, synchronisation et sécurisation, serait la solution la plus sûre.
D’après l’analyse de l’opérateur Marseillais, les TPE et petites PME ne l’entendraient donc pas (encore) totalement de cette oreille. Pour valider cet état de fait, Futur a imaginé une offre – « Futur Go » - dont il sera intéressant de voir si elle prend et valide (ou pas) l’hypothèse d’une imperméabilité des TPE/PME au 100% Cloud.
Concrètement « Futur Go » propose aux entreprises une sauvegarde physique, soit sur clef chiffrée – AES 256 – soit sur un serveur en local, préconfiguré et prêt à l’emploi. Dans le détail « Secureclé » offre de 8 à 32 Go de sauvegarde sur support USB. Tandis que « Securebox », imaginée pour le multi-poste, va de 500 Go à 2 To de sauvegarde sur une « box » locale (en fait un serveur sous Linux qui, en plus des données, permet en cas de gros problème la réinstallation totale d’une image système).
« Ce que nous, professionnels de l’IT, on oublie trop souvent, c’est que la plupart des gérants de petites entreprises ne savent même pas ce qu’est Dropbox »
Dans les deux cas, une sauvegarde supplémentaire dans le Cloud est disponible avec en complément des espaces de partages (de type Dropbox, avec liens qui expirent à une date donnée ou après téléchargement) et le back-up automatisée sur les serveurs distants de Futur.
Cette offre n’a rien de révolutionnaire. Toutes ces briques existent déjà sur le marché. « Un technophile peut parfaitement la recomposer, et certainement pour moins cher, admet même les responsables du produit chez Futur, mais vous n’aurez pas le support et le service clef en main. Ce que nous, professionnels de l’IT, on oublie trop souvent, c’est que la plupart des gérants de petites entreprises ne savent même pas ce qu’est Dropbox. Ils ne veulent pas avoir à s’occuper d’informatique ».
Ce qui explique également que les TPE/PME plébiscitent encore la clef USB plutôt qu’une autre solution comme, par exemple, la partition de sauvegarde chiffrée sur un PC portable pour éviter la fuite de données en cas de vol. « La clef, ils l’ont dans la main, ils voient ce que c’est. C’est peut-être surprenant mais les utilisateurs veulent ça », a remarqué le chef du produit chez Futur.
Vers un « Cloud Reverse » ?
Conservateurs les chefs de petites entreprises ? Oui et non.
Pour Yves Lecomte, le PDG du Groupe alsacien D&S, l’hypothèse de ce qu’il appelle un « Cloud Reverse » n’est pas à écarter. Le prochain gros « couac » (perte de données massives ou autre) pourrait ainsi pousser de nombreux acteurs économiques et les particuliers à ré-envisager les bienfaits du stockage « maîtrisé ».
D&S n’est pas n’importe quelle société. Elle possède son propre centre de données, sur lequel elle héberge d’ailleurs le Cloud de Futur. Et dans le même temps, sa branche iDS fabrique les « boxs » et les clefs de l’offre Futur Go.
Par « Cloud Reverse » il ne faut cependant pas comprendre un retour au disque dur externe à l’ancienne. En tout cas pas dans la bouche de Yves Lecomte, qui a un pied dans chaque activité (hébergement distant et local). Pour lui, il s’agit plutôt d’une prise de conscience qui aboutira à se réapproprier le stockage sur serveur, que ce soit sur site ou via un prestataire (avec des solutions habituellement marquetées comme « Cloud Privé »).
« Ce concept n’est plus une hypothèse, nous en commençons la commercialisation sur la base des produits existants », déclare-t-il lors d’un entretien à Developpez.com. Ceci dit, les compétences techniques que présupposent ces solutions « privées » ou « hybrides maîtrisées », voire 100% locales ne les mettent pas encore à la portées des TPE/PME. Sauf à envisager, autre hypothèse, une montée en expertise de ce type d’acteurs qui, aujourd’hui, chercheraient avant tout la simplicité (et sans jeu de mot, donc, le « clef en main »).
A noter que ces deux hypothèses (simplification et stockage maîtrisé) ne s’excluent pas.
Le Cloud : une diversification indispensable pour tous les opérateurs, mis à mal par les low-costs
Pour l’avenir, l’opérateur B2B estime que son hypothèse sur l’appétence des TPE/PME pour les supports physiques locaux sera validée s’il atteint 2.000 clients l’année prochaine.
Ce qui est sûr en revanche, et aujourd’hui clairement admis, c’est que le Cloud (ou les offres dérivées à la Futur Go) est devenu une diversification indispensable, pour ne pas dire forcée, pour les acteurs des Telecoms dont l’activité traditionnelle a été mise à mal par l’arrivée des lowcosts.
Ce qui explique pourquoi Futur pousse également la dimension Cloud de son offre hybride en reprenant les arguments de la mobilité (documents disponibles sur tout type de devices, n’importe où, etc.). Pour le coup comme tous ses concurrents, sur un marché déjà bien fourni (l’américain DropBox ou les français Numergy, IKeepInCloud d’Ikoula, hubiC d’OVH, etc.).
Pensez-vous que les TPE/PME succomberont au stockage 100 % hébergé (à la Cloud d‘Orange ou Google Drive) ? Ou que la vision de l’opérateur marseillais pour un « hybride simplifiée » est bonne ? N’hésitez pas à nous faire part de vos analyses et de votre expérience.
En ce qui nous concerne, il nous semble que des acteurs majeurs comme Microsoft (avec Skydrive Pro intégré à Windows 8) ou Apple (iCloud intégré aux iDevice) seront de sacrés concurrents, y compris sur une stratégie hybride de plus en plus abordable. Reste, bien sûr, des points différenciants comme la localisation des données en France et le support physique à portée de main pour se rassurer. Mais seront-ils suffisamment différenciants ? L'avenir le dira.
Source : Entretiens Developpez.com, septembre et octobre 2013
Et vous ?
Dans votre entreprise, les clefs USB sont-elles encore plébiscités par les métiers ?
Quelle est d’après vous la meilleure solution pour sécuriser et sauvegarder les données des TPE/PME ?