Le moins que l’on puisse dire, c’est que la classe politique française a assez peu apprécié les révélations du Spiegel sur l’espionnage par les États-Unis de ses alliés européens. Et encore moins les tentatives du secrétaire d’État américain John Kerry et du Président Barack Obama de relativiser à outrance les faits pour désamorcer l'affaire.
Si certains jouent la carte du recul (comme Fleur Pellerin pour qui « ce n'est pas vraiment la première fois que ça arrive dans l'Histoire » ou Henry Guaino qui ironise sur le fait qu'« il n’y a pas grand-chose à espionner à Bruxelles »), cette catégorie est assez rare.
L’heure est en effet plutôt aux demandes de suspension des négociations sur le libre-échange entre l’UE et les États-Unis (ce que proposent François Bayrou, le PS Jean-Christophe Cambadélis ou Marine Le Pen). Voire à la remise en cause d’accords politiques et commerciaux (Daniel Cohn-Bendit ou Pierre Laurent, secrétaire national du PCF).
Se pose également en toile de fond la question de l’asile politique. Théorique hier, elle est devenue réelle aujourd’hui avec la demande officielle de Edward Snowden à plusieurs pays, dont la France.
Trois partis ont déjà appelé à répondre favorablement à cette demande.
Les Verts ont fait savoir par communiqué qu’ils « demandent solennellement au Président de la République et au gouvernement d'accorder l'asile politique à un homme qui non seulement a eu le courage de révéler l'existence d'une surveillance illicite, mais a permis d'en connaître l'ampleur qui s'étendait jusqu'aux bureaux de l'Union Européenne, aux Nations Unies et à Bruxelles ».
Le Parti de Gauche se déclare aussi pour cette demande. Jean-Luc Mélenchon a ainsi qualifié Edward Snowden de « bienfaiteur de l'Europe qui a permis de démasquer un complot ».
Même son de cloche, ironiquement, du côté du Front National dont la présidente Marine Le Pen se demandait sur LCI « à qui exactement allons-nous accorder l’asile politique si on ne l'accorde pas à Edward Snowden ? ».
Reste que pour François Géré, le président de l’Institut Français d’Analyse Stratégique qui s’est exprimé ce midi sur l’antenne de i>TELE, les États agissent « comme des monstres froids » (dixit Nietzsche).
« Ils regardent les avantages qu’ils peuvent tirer de cet asile politique, puis les inconvénients, explique-t-il. Dans cette affaire, ils se rendent vite compte qu’ils n’ont pas grand-chose à gagner (N.D.L.R. : Edward Snowden n’étant pas un haut dirigeant de la NSA, ses informations sont intéressantes mais pas stratégiques) et qu’il y a beaucoup d’inconvénients ».
Autrement dit, la realpolitik fait qu'il n’y a aucune chance que la France accorde l’asile politique au « donneur d’alerte ». La question qui reste en suspens, malgré tout, est : aurait-elle moralement dû ?
Sources : Le Parisien, i>TELE
Et vous ?
La France devrait-elle envisager d’accorder l’asile à Edward Snowden ?
PRISM : la France aurait-elle dû accueillir Edward Snowden ?
Une demande soutenue par les Verts, le Parti de Gauche et le Front National
PRISM : la France aurait-elle dû accueillir Edward Snowden ?
Une demande soutenue par les Verts, le Parti de Gauche et le Front National
Le , par Gordon Fowler
Une erreur dans cette actualité ? Signalez-nous-la !