Mise à jour du 01/07/2013
Traqué par le gouvernement américain, Edward Snowden, en cavale, continue à déballer son sac et à lui donner des sueurs froides.
L’auteur des fuites sur l’un des plus vastes programmes de cybersurveillance révèle que l’espionnage de l’Europe était également compris dans le projet PRISM.
Selon les documents révélés par l’hebdomadaire allemand Der Spiegel et fournis par Edward Snowden, ancien consultant pour le compte de la NSA, l'agence décrit dans un rapport comment elle espionnait la représentation diplomatique de l'UE à Washington en 2010. Des micros installés dans les bâtiments jusqu'à une infiltration du réseau informatique pour lire les courriels et documents internes, l'agence n'a pas lésiné sur les moyens de surveillance. À plusieurs reprises d'ailleurs, l'agence a fait explicitement des Européens des « cibles à attaquer », comme au sommet de l'ONU où elle a usé des mêmes stratagèmes pour surveiller la représentation de l'UE.
Il est possible que ces opérations se soient étendues jusqu'à Bruxelles. Der Spiegel révèle qu'il y a cinq ans, les experts en sécurité de l'UE avaient découvert un système d'écoutes sur le réseau téléphonique et internet du bâtiment Justus-Lipsius, principal siège du Conseil de l'Union Européenne, et qui remontait jusqu'au quartier général de l'Otan dans la banlieue de Bruxelles.
En 2003, l'UE avait confirmé la découverte d'un système d'écoutes téléphoniques des bureaux de plusieurs pays, dont la France et l'Allemagne.
« Si les rapports sont vrais, cela rappelle les méthodes utilisées par nos ennemis pendant la guerre froide », estime Sabine Leutheusser-Schnarrenberger, ministre de la Justice allemande. Avant de poursuivre que cela « signifierait que les Américains ont agi en violation ouverte de la Convention de Vienne qui défend l'inviolabilité des ambassades. »
Avec 500 millions de communications interceptées par jour, l'Allemagne serait classée par la NSA comme « un partenaire de troisième classe ». La France s'en sort mieux avec deux millions de connexions surveillées. La Grande-Bretagne, quant à elle, est épargnée puisqu'elle ne fait l'objet d'aucune surveillance. Concernant les ambassades, celles de France, d'Italie et de Grèce à Washington font partie des 38 ambassades sous la surveillance de la NSA.
Le ministre luxembourgeois des Affaires Étrangères, Jean Asselbron, estime que l’espionnage américain est « hors de contrôle » et que « les États-Unis feraient manifestement mieux de surveiller leurs services de renseignement plutôt que leurs alliés ».
La Commission Européenne a demandé des explications à son partenaire américain qui n'a pu que garder un silence embarrassé. Les réactions des politiques européens fusent et n'ont d'égal que leur virulence. Nombreux sont ceux qui incitent à une riposte contre Washington.
Mais certains appellent aussi à relativiser cet incident. Le Ministre de l'Intérieur français, Manuel Valls, avait insisté sur « l'excellente coopération » entre Américains et Français, faisant comprendre implicitement que les Européens profitaient de PRISM. Il avait reconnu que les Européens avaient eux aussi leurs programmes de surveillance, « de moindre ampleur », sans donner de détails.
« Tout le monde espionne tout le monde », commente Sean West, de l'Eurasia Group jugeant « ridicule » l'émoi des Européens et estimant que « tout mariage qui marche a besoin de renseignements ».
Source : Der Spiegel
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Au moment où sont entamées des négociations entre l'Europe et les États-Unis pour une zone de libre-échange commercial transatlantique, ces révélations pourraient-elles avoir des conséquences rédhibitoires ?
En collaboration avec Hinault Romaric
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Le , par Stéphane le calme
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