La société basée à Montpellier n’a donné depuis aucune information sur son exploit (au sens informatique du terme). Elle a, en revanche, immédiatement fait savoir que les détails de l’attaque étaient à vendre.
Une décision – traditionnelle pour Vupen – que certains ont qualifié de « Grey Hat ». Autrement dit, entre les White Hat, qui œuvrent pour la sécurité du plus grand nombre, et les Black Hat, qui cherchent à tirer profit des systèmes en les piratant. C’est ce que regrette par exemple Jani Kallio, expert chez Luottokunta, le premier fournisseur de services de paiements finlandais.
D’après le dossier de L’Expansion de cette semaine qui fait un point sur la stratégie numérique française, la revente de ce type de découvertes peut dépasser les 150.000 €. C’est le prix qu’auraient payé des services de l'Etat français pour acquérir les détails d'un autre exploit qui s'appuie lui aussi sur des failles 0-days.
Rappelons qu’une faille 0-day n’est pas une « faille méconnue », comme l’écrit le magazine, mais une faille jusqu’ici inconnue et non patchée. Un 0-Day est par définition connu (ne serait-ce que par son découvreur) et documenté (ce qui fait sa dangerosité) mais pas encore divulgué (ou à un petit nombre) ni corrigé.
De son côté, Microsoft invite les hackers à participer à son programme maison (Coordinated Vulnerability Disclosure) et regrette donc en termes diplomatiques que Vupen œuvre de son côté, en monétisant ses découvertes, sans communiquer avec lui pour améliorer la sécurité de ses outils.
Un appel qui ne semble pas émouvoir Chaouki BEKRAR.
Chaouki BEKRAR, PDG de Vupen
Au contraire. Le hacker vient de féliciter sur Tweeter un de ses confrères qui a décidé d'adopter la même stratégie. « Content de voir qu’une start-up spécialisée dans la recherche trouve des 0-Days et refuse de livrer leur travail gratuitement à des fournisseurs multimilliardaires. Bienvenu au club », écrit-il.
Plusieurs analystes commencent néanmoins à poser la question de la légalité d'un tel commerce.
En attendant, les failles de Vupen - dont on ne sait rien - sur Windows 8 et son navigateur Internet Explorer 10 sont bel et bien à vendre au plus offrant. Tant pis pour ceux qui n'ont pas les moyens ?
Et vous ?
Pensez-vous que Vupen ait raison de ne pas communiquer ses travaux aux éditeurs ?
Ou considérez-vous que cela fait de ces chercheurs des « Grey Hat » ?