Nokia coule-t-il à pic ?
Peut-être pas encore, mais le constructeur se rapproche dangereusement du point de rupture. Après avoir dévoilé de mauvais résultats prévisionnels (une perte d’exploitation de plus en plus importante qui dépassera les 3% du CA), et en dessous des attentes, l’action du groupe s’est littéralement écroulée de 18 % pour atteindre son plus bas depuis plus de 12 ans.
Conséquence de ces résultats, Nokia va fermer son usine finlandaise – seule la R&D y sera maintenue - ainsi que ses sites en Allemagne (Ulm) et au Canada (Burnaby). Avec à la clef 10.000 suppressions de postes.
En parallèle, la filiale très haut de gamme du groupe – Vertu – qui conçoit des téléphones faits-mains en matériaux précieux pour des marques de luxe (Ferrari, etc.) a été vendue à 90 %. La filiale d’équipements d’infrastructure réseau (Nokia Siemens Networks) devrait connaître le même sort.
Stephen Elop, le PDG du groupe depuis 2010 et ancien de chez Microsoft, a également officialisé les licenciements de trois « top managers » : Jerri DeVard, la responsable du marketing, Mary McDowell, la responsable de l’entrée de gamme, et Niklas Savander, le responsable des ventes.
Pour la petite histoire, Jerri DeVard avait été débauchée chez l’opérateur Verizon par ce même Stephen Elop, il y a tout juste dix-huit mois. A l’inverse, Niklas Savander est un « vieux de la vieille » qui a passé 16 ans chez Nokia.
A 2.35 $ l’action à l’heure où nous écrivons ces lignes, Nokia est aujourd’hui valorisé en bourse à 8.72 milliards de dollars. Soit une somme équivalente à ce que Microsoft a déboursé pour racheter l’application de Voix sur IP Skype (8.5 milliards de $).
A ce prix, les rumeurs d’une OPA de l’éditeur américain sur le groupe finlandais risquent de ressurgir. Microsoft ne peut en effet pas se permettre de perdre ce partenaire central, avec qui il a passé un accord pour équiper les Smartphones de la marque exclusivement avec l’OS mobile Windows Phone.
A l’inverse, les concurrents pourraient être intéressés par un rachat qui affaiblirait un Microsoft qui tente de se faire une place dans ce secteur lucratif mais où la compétition fait rage.
Sans oublier de nouveaux entrants potentiels, comme Oracle qui avait un temps réfléchi à prendre le contrôle du canadien RIM (BlackBerry) avant de juger l’opération trop couteuse. Le récent verdict du procès contre Google autour d’Android, perdu par Oracle, et cette chute du prix de Nokia, pourraient relancer les appétits de Larry Ellison.
Dans tous les cas, l’Europe perdrait un de ses fleurons technologiques historiques.
En parallèle de ces décisions, Nokia a annoncé qu’il avait racheté Scalado, une société spécialisée dans « l’imagerie » (appareil photo, etc.), avec laquelle le constructeur travaille depuis plusieurs années, notamment pour les optiques de ses téléphones. La photo devrait donc être un point mis en avant dans les prochains modèles de la marque.
Source : Nokia sur le licenciement des top managers, Nokia sur les autres décisions, Nokia sur le rachat de Scalado
Et vous ?
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Le , par Gordon Fowler
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