Au risque d’enfoncer des portes ouvertes, rappelons qu'une beta reste une beta. Un produit en cours d’élaboration. Par définition imparfait ou mi-cuit comme disent les anglo-saxons (« half cooked »).
En se concentrant exclusivement sur les détails de l’UI de la Consumer Preview de Windows 8 (chose importante par ailleurs), beaucoup de testeurs sont passés à côté de l’essentiel : avec cet OS, Microsoft amorce un virage radical et parie sur un changement de paradigme. Un changement profond de l’informatique qui unifie les OS et fait converger les types de hardwares.
Cette vision ne sera peut-être pas la bonne (ou la seule possible), et Windows 8 ne sera peut-être pas un succès. Mais ce pari est partagé par d’autres, ce qui augmente fortement ses chances de se concrétiser.
Pour être clair, dans la vision de Microsoft (et d’autres acteurs donc), une tablette, un smartphone, un PC ou un portable risquent d’ici peu de ne plus être que des variations du même appareil. Seule l’UI et l’expérience utilisateur changeront en fonction du contexte. D’où cette interface hybride de Windows 8.
Mais qui dit « hybride » ne dit pas que tout fonctionne avec tout. L’interface « Metro » est difficile à utiliser à la souris ? Logique. Elle n’est pas conçue pour cela.
La semaine dernière, Kevin Turner et Erwin Visser, respectivement Chief Operating Officer de Microsoft et Senior Director de la Division Windows, en ont fait une démonstration claire au CeBIT de Hanovre. Curieusement, la chose est passée assez inaperçue.
Erwin Visser, lors de sa démo de Windows 8 au CeBIT 2012 de Hanovre
Qu’ont-ils montré devant un parterre de professionnels et de DSI ?
Que Windows 8 sur tablette est tactile, avec des applications optimisées pour ce mode d’interaction.
Et que Windows 8 sur PC - ou sur tablette avec un dock (une possibilité particulièrement soulignée au CeBIT) - fonctionne en mode Aero « classique », optimisé pour le clavier et la souris. Metro reste certes accessible, mais il n’est pas présenté comme le plus pertinent.
Pourquoi deux OS en un ? Parce que pour Microsoft, les hardwares vont converger. Un smartphone est un PC en puissance, une tablette un ultra-book qui s’ignore.
« Avec Windows 8, nous avons décidé d’être les premiers, plutôt que d’être les suiveurs », lançait Kevin Turner sur la scène du CeBIT pour souligner la dimension à ses yeux avant-gardiste du pari. « Il n’y a plus de compromis avec Windows 8, plus besoin de choisir (NDR : entre un OS tactile ou classique). Nous remplaçons le mot "ou" par le mot "et". […] Nous faisons ce qui n’a jamais été fait auparavant ».
Le but affiché ne pourrait pas être plus ambitieux : « changer le visage de l’informatique ». Tout simplement.
On pensera ce que l'on voudra de cette annonce, mais Microsoft a trop souvent été critiqué ces derniers mois sur son manque d’anticipation face à la déferlante de la mobilité pour que son effort ne soit pas, cette fois-ci, salué.
La tablette PlayBook et son BlackBerry Mini Keyboard, plusieurs sociétés parient de plus en plus sur cette nouvelle convergence
Cette volonté « de tout unifier » (sic) est partagée par d’autres. Apple pense lui aussi à une plus grande convergence entre iOS et Mac OS. Des acteurs aussi divers que ASUS (avec ses Transformer et PadPhone), Motorola (avec le Atrix), RIM (avec son BlackBerry Mini Keyboard) ou Canonical (avec Ubuntu pour Android, très semblable à Windows 8 dans sa finalité) déclinent une même inspiration. Un hardware, un système, mais qui s'adaptent à des utilisations multiples.
L’interrogation fondamentale que Windows 8 a posée lors de CeBIT n’est pas de savoir s’il sera possible de rajouter un menu « Démarrer » à sa Consumer Preview (ce qu’une société comme Stardock s’est empressée de proposer avec Start8 pour se payer une campagne de publicité gratuite et crouler sous les articles de presse). Elle est de savoir si cette unification aura bien lieu.
La réponse sera certainement beaucoup plus stratégique et aura, nous semble-t-il, beaucoup plus de conséquences sur le monde IT que la question de la pertinence de l’utilisation de Metro sur des écrans de 27 pouces.
Source : CeBit de Hanovre, présentation du 6 mars 2012
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Le , par Gordon Fowler
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