« Génération Y », « Génération C », « Digital Natives » ?
Si ces trois concepts ne vous disent pas grand chose, attendez-vous à les entendre de plus en plus. Ils ont le vent en poupe.
Dans son dernier Digital Consumer Report, le cabinet d’études Nielsen consacre par exemple une très large part à cette « Génération C ». Quant à Symantec, c’est plus l’expression de « Digital Natives » que l’éditeur a évoquée à tour de bras lors du CES 2012, la conférence sur les thématiques de sécurité.
Mais commençons par le commencement avec la fameuse « Génération X ». Celle des personnes nées entre 1960 et 1979.
Succédant aux Baby-Boomers et aux périodes fastes, la génération X est souvent rattachée au « no futur », à la précarité, mais aussi à une culture underground très forte et à une remise en cause de nombreuses autorités.
Après la crise, les années 80. Et après X, le Y. Logiquement.
Le concept de « Génération Y » était souvent évoqué dans les articles sur l’IT pour une raison simple. C’est la génération de l’essor des technologies informatiques. Celle des personnes nées entre 1980 et 2000, aujourd’hui jeunes adultes, qui ont grandi au même rythme que les ordinateurs et Internet.
Mais pour certains, comme le cabinet Nielsen, cette appellation de « Y » serait impropre. Les 12 -32 ans seraient composés de profils bien trop différents.
Leur seul point commun serait d’avoir les TIC (Technologie de l’Information et de la Communication) dans le sang et de se servir d’Internet à tour de bras pour Communiquer, Collaborer et Créer. D’où un nom qui serait plus approprié que le « Y » : le « C » (rien à voir avec le langage de programmation).
Dans son rapport, donc, Nielsen avance que cette « Génération C » est différente de ses prédécesseurs notamment dans sa manière de consommer des contenus et de s’informer. Elle regarderait par exemple la télévision en vaquant simultanément à d’autres occupations (surf sur tablette, vérification des mails, shopping sur smartphone - ce qui ne sera pas sans conséquence sur le marketing - échange sur les réseaux sociaux, etc.).
Les réseaux sociaux seraient d’ailleurs au cœur de sa définition. Pour elle, Facebook, Twitter et autres LinkedIn sont devenus le meilleur moyen de se faire connaître, de développer sa visibilité ou d’élargir ses relations professionnelles.
Très différente de la Génération X, la « C » a cependant un point commun avec elle : celui de défier les sources d’informations uniques et de vouloir recouper ce qu’on lui dit.
Mais il y a un élément important que ne traduit pas la lettre « C ».
S'ils communiquent, collaborent ou créent avec l'informatique, les enfants nés après 1980 n’ont surtout pas connu le monde sans ordinateur ni Internet.
D’où une autre expression, anglo-saxonne, qui fait elle-aussi son chemin dans les colloques et les salons d'experts : les « Digital Natives » (littéralement « nés dans le numérique »).
Pour Symantec, ce concept de « Digital Natives » est plus pertinent dans le sens où il s’oppose clairement à ceux qui ne sont pas nés dans le numérique, les « Digital Immigrants » (jeu de mots qui s’appuie sur le double sens de « native » - « né(e) avec » ou « né(e) ici »). Une opposition importante à comprendre puisqu'elle expliquerait la création de tensions, y compris dans le milieu professionnel.
Lors du CES 2012, le PDG de Symantec Enrique Salem soulignait par exemple que cette génération, parce qu'elle est familière avec la technologie, la considère comme naturelle. Et donc intrinsèquement sécurisée.
A l’opposé, les « Digital Immigrants » seraient plus à cheval sur ces problématiques. Mais ils vont devoir s’adapter et surtout prendre des mesures pour que les « natifs » ne fassent pas exploser la sécurité des entreprises à coup de messagerie instantanée, d’informations divulguées sur les réseaux sociaux ou de données dérobées via des smartphones de plus en plus ergonomiques mais pas assez sécurisés.
A cette liste de préoccupations du PDG de Symantec (IM, réseaux sociaux, mobiles, consumérisation de l'IT) s’ajoute celle de la simplicité.
Les « Digital Natives » rechercheraient en effet, et avant tout, la simplicité d’usage. Ils ne voudraient, d’après lui, qu’un seul couple "mot-de-passe / identifiant" pour plusieurs services (sur le modèle des comptes Google ou Facebook). Un casse-tête pour les DSI qui doivent jongler avec deux impératifs contradictoires. La simplicité pouvant vite se transformer en faiblesse des défenses pour l’entreprise qui ne peut plus compartimenter les accès.
Changement du marketing, des modes de travail et de la sécurité, la Génération C, Y ou des Digital Natives se caractérise aussi par une maitrise naturelle des outils informatiques.
Enrique Salem souligne d’ailleurs qu’au-delà des défis futurs sur la sécurité, ces enfants nés avec ces outils apportent des gains de productivité énormes à l’entreprise (sans aborder le sujet de savoir s'ils sont moins ou aussi sensibles au stress qu'ils génèrent).
Alors ? Concepts vides, ou reconnaissance d’une nouvelle génération ? Peurs injustifiées (voir FUD), ou jeunes pas encore très conscients de la sécurité et qui le deviendront ?
Une chose est sûre, les cabinets d’analyse et les dirigeants se sont emparés de ces appellations. Et il y a fort à parier qu'ils ne se priveront pas de nous vendre de nombreux rapports et moult conseils sur le sujet.
State of the Media: U.S. Digital Consumer Report, Q3-Q4 2011 (après inscription)
Source : Conférence RSA
Et vous ?
Que pensez-vous de ces concepts employés pour décrire les fans de technologies ultra-connectées : pertinents, intéressants ou creux et artificiels ?
Pensez-vous que les « digital natives » sous-estiment les problèmes de sécurité informatique ? Ou est-ce que ce sont les « Digital Immigrants » qui en ont une vision déformée ?
Vous reconnaissez-vous dans un de ces concepts ?
En collaboration avec Sarah Mendes
« Génération C » et « Digital Natives » : des concepts qui plaisent aux consultants IT
Des générations qui inquiètent Symantec
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Le , par Gordon Fowler
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