Denis Szalkowski est un formateur-consultant MySQL, Oracle, Linux, PHP, Perl, etc. Il a fondé en 2004 Winuxware, une société spécialisée dans le référencement, le développement de sites WordPress et osCommerce, et dans les systèmes d'information sous Linux.
Ancien militant du PS et d’Europe Ecologie, ce développeur engagé vient de publier une tribune très marquée à gauche dans laquelle il appelle à « produire français aussi dans l’informatique ».
Il entame son billet bille en tête : « inutile ici de parler d’industrie informatique : nous n’en avons plus ! ».
Un point de vue tranché, également publié sur Agoravox, qui met en cause les « excès tarifaires des SSII dans les années 1998-2002 ». Des excès qui auraient eu pour retour de bâton une plus faible rémunération des jeunes développeurs. Jeunes qui seraient donc plus attirés par les postes de chef de projets. « La mode est à celui qui en fera le moins possible » assène Denis Szalkowski qui enfonce ensuite le clou en affirmant que « le choix du logiciel propriétaire par les informaticiens eux-mêmes est la traduction de cette volonté d’en faire le moins possible ».
Conséquences, d’après lui, une perte de savoir-faire et surtout la libération de « gisements de productivité qui se sont souvent soldés par des baisses de salaires et un glissement vers des métiers de tâcherons ».
Au milieu de digressions très idéologiques, Denis Szalkowski pointe également du doigt le fait que les décideurs considèreraient de plus en plus l’IT comme un domaine en dehors de leur cœur de métier. Un domaine annexe que l’on peut donc externaliser.
Et il s’agirait là d’une très grosse erreur. « Compte tenu de la haute valeur stratégique que revêtent l’information, la vitesse et la capacité à la traiter dans un monde en hyper-concurrence et en accélération, cette vision semble tout simplement relever du contre-sens absolu ! », regrette-t-il.
Le Cloud et ses promoteurs sont évidemment visés par les foudres de son analyse. « Les responsables informatiques issus des écoles de commerce font le choix des services du cloud proposés par Google ou Microsoft. Ils continuent de confondre baisse des coûts et productivité », attaque-t-il. « Ils ont été d’ailleurs bien aidés en cela par une majorité d’informaticiens qui sont à l’économie ce que le pigeon ramier est au transport aérien ».
SSII, cupidité capitaliste, stupidité des diplômés d’écoles de commerce, Cloud, effets pervers de l'utilisation du logiciel propriétaire : autant de facteurs qui, d’après lui, amèneraient à faire du secteur IT français, un secteur sinistré.
Pour y remédier Denis Szalkowski propose « trois axes pour produire français dans l’informatique ».
Et, peu avare de contradictions, il propose comme modèle… Google.
Google est américain, Google fait du Cloud. Mais Google fait du libre. Or le libre et « vendre de la gratuité » sont le premier axe de ce redéploiement d’une industrie IT nationale. « Que voulez-vous faire de tous ces formateurs et enseignants qui n’ont fait que du Microsoft depuis 20 ans, parfois par pure paresse ? Quel est le modèle pour nos jeunes ? Le logiciel libre, quant à lui, exige que nous disposions d’informaticiens et d’entreprises, qui fassent le choix de la technique ».
Deuxième axe, « réinternaliser l’informatique ». Autrement dit tourner le dos au Cloud qui d’après lui devrait par ailleurs connaître des hausses de prix avec la hausse du prix de l’énergie.
Enfin, Denis Szalkowski appelle à un Small Business Act pour que les PME et TPE puissent répondre aux appels d’offres « dont les concepteurs semblent avoir parfois quitté le plancher des vaches ».
On pourra regretter une vision manichéenne (le libre et le propriétaire peuvent très bien dialoguer), idéologique (anti-Microsoft, etc .), des contre-vérités (le Cloud européen de Microsoft est hébergé en Irlande et en Hollande et n’est pas soumis au Patriot Act) et des contradictions (la hausse du prix de l’énergie ne toucherait pas les data-centers d’entreprises ? ). On pourra aussi objecter qu’une telle vision nationaliste risque de ralentir le développement des pays émergeants comme l’Inde ou l’Afrique du Nord.
On soulignera également que cette plaidoirie est par certains côtés très élitiste, qu'elle est une vision très technologique, qu'elle oublie l'utilisateur métier, et qu'elle passe à côté de la « consumérisation de l’IT », une tendance de fond qu’il serait certainement plus constructif d’accompagner que de critiquer.
Mais cette tribune, ô combien polémique, a un mérite bien réel. Celui de lancer un vrai débat : comment relancer le secteur IT et l’innovation informatique en France ?
Et surtout comment en faire un gisement de croissance et d’emploi pour l’avenir ?
Source : « Produire français aussi dans l’informatique ! », par Denis Szalkowski
Et vous ?
Que pensez-vous de cette analyse ?
Y’a-t-il encore une industrie IT française ?
Que pensez-vous de ces « trois axes pour produire français dans l’informatique » ?
Quelles mesures proposeriez-vous aux décideurs politiques ?
« Inutile de parler d'industrie informatique, nous n'en avons plus »
Un informaticien propose 3 axes pour relancer l'IT en France
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Le , par Gordon Fowler
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