Précisons le tout de suite, la Régie Autonome des Transports Parisiens (RATP) est dans son bon droit. Mais il y a certainement de meilleures manières de gérer ses droits.
Pour les rares usagers qui ne le sauraient pas, la RATP, en plus de son activité de gestionnaire de transports, édite des applications destinées à faciliter la vie de ses usagers. Ces applications se trouvent notamment sur l'AppStore et sur l'Android Market.
Un développeur français a néanmoins trouvé que ce service, dont une version premium était payante jusqu'à il y a peu, était incomplet.
Joignant le geste à la parole, ce développeur a décidé de réaliser Check My Metro, une application très axée communication sociale où les utilisateurs peuvent signaler en temps réel les incidents, les animations dans le métro ou la présence de pickpockets dans certaines stations (ou celle de contrôleurs).
Dans sa seconde version, Check My Metro inclut deux nouveautés : une carte du réseau et les horaires du site Wap de la RATP. Ce sont ces deux nouveautés qui ont provoqué la colère de la régie et une demande en bonne et due forme de retrait de l'application à Apple.
La RATP fait en effet valoir, à juste titre – répétons le, qu'elle possède les droits sur cette carte et sur les données que sont les horaires en temps réel de ses rames.
On pourrait donc s'étonner de la tempête médiatique qui s'abat aujourd'hui sur la RATP, tempête qui va de 20 Minutes à Europe 1. Sauf que...
Sauf que, au regard des réactions importantes pour une histoire d'application, la RATP a visiblement pris le problème par le mauvais bout.
Tout d'abord en contactant Apple directement sans même en avertir le développeur. Ensuite, en affirmant qu'il y avait eu une conciliation, alors qu'à en croire Check My Metro, les équipes de la RATP n'ont pas daigné répondre à un mail indiquant que les informations litigieuses allaient être retirées de l'application.
Troisièmement, en oubliant qu'une application (comme un réseau) s'entretient. Or si Check My Metro a séduit autant d'utilisateurs, il y a bien une raison. L'application "innove" et apporte un plus produit (la collaboration en temps réel et les alertes), face à un autre produit (l'application de la RATP) qui n'a, lui, quasiment pas évolué.
Quatrièmement parce que lorsque l'on trouve une personne qui fait mieux pour moins cher, la meilleure réaction n'est pas de l'attaquer mais certainement de l'engager.
Enfin parce que la RATP, service publique par excellence (pour le meilleur et pour le pire), fait le choix de garder ses données privées, ce que beaucoup jugent incohérent et à rebours de l'Histoire. Y compris, instinctivement, pour le grand public qui n'a a priori qu'une très vague idée de ce qu'est l'Open Data.
Facteur aggravant pour la RATP, l'Allemagne, les Etats-Unis, d'autres agglomérations en France comme Bordeaux ou la belle ville de Nantes ont décidé de libérer leurs données publiques. Justement pour stimuler la création, susciter des rapprochements et au final créer de la valeur.
De son côté, il est vrai que le développeur de Check My Metro a fait preuve au mieux de naïveté, au pire d'une ignorance des règles de base du business en ne demandant pas l'accord de la RATP (et en n'utilisant pas de carte libre du métro).
Tort partagé donc ?
Oui. Sauf que la RATP a, juridiquement, raison.
Mais son choix de garder ses données pour elle passe mal. Très mal. Et la met dans le rôle du méchant.
L'occasion rêvée de se faire un gros coup de pub et d'envisager, comme la Ville de Paris, l'Open Data ?
Source
Et vous ?
Pensez-vous que les horaires et le plan du métro devraient passer sous licence Open Data ?
Et aussi :
Le site de Check My Metro
Locomote, un des gagnants (lui aussi sur la sellette ?) du concours de développement d'applications pour Chrome facilite les transports en commun
La RATP veut garder ses données pour elle
Et s'en prend à l'application d'un développeur, une démarche propriétaire à l'opposé de l'Open Data
La RATP veut garder ses données pour elle
Et s'en prend à l'application d'un développeur, une démarche propriétaire à l'opposé de l'Open Data
Le , par Gordon Fowler
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