Annoncée par la Commission européenne en avril dernier lorsqu’il a publié son guide de recommandations pour les applications de suivi des contacts dans le cadre de la lutte contre la propagation du Covid-19, sa passerelle d’interopérabilité est désormais disponible. Selon la Commission européenne, la passerelle permettra d'exploiter pleinement le potentiel des applications de traçage des contacts et d'alerte dans le but de briser la chaîne des infections occasionnée par le coronavirus par-delà les frontières et de sauver des vies.
Plus besoin de changer d’application de traçage à chaque frontière
Corona-Warn-App, l’application de suivi des contacts de l’Allemagne peut maintenant fonctionner en Italie, Irlande et dans les autres pays de l’union qui ont développé leur application de suivi des contacts conformément au protocole recommandé par la Commission européenne, et vice-versa. En d’autres mots, en cas de déplacement, vous ne serez plus obligé d’installer l’application de suivi des contacts en vigueur dans votre pays hôte, car la Commission a mis en place une passerelle garantissant l’interopérabilité des différentes applications des pays membres de l’union.
« La passerelle permet aux applications de fonctionner sans discontinuité en dehors des frontières. Les utilisateurs n'auront donc besoin d'installer qu'une seule application. Lorsqu’ils partiront dans un autre pays européen participant, ils continueront de bénéficier du traçage des contacts et de la réception des alertes, que ce soit dans leur pays d'origine ou à l'étranger », a déclaré la Commission. Elle a rassuré que l'échange de données avec la passerelle est réduit au minimum, déclarant qu’elle recevra et transmettra efficacement des identifiants arbitraires entre les applications nationales.
Elle a indiqué à ce propos que : « aucune information autre que des clés arbitraires, générées par les applications, ne sera traitée par la passerelle. Les informations seront pseudonymisées, chiffrées, limitées au minimum requis et conservées uniquement le temps nécessaire pour assurer le suivi des infections. Il ne sera pas possible d'identifier des personnes physiques ni de suivre l'emplacement ou le mouvement des appareils ». Par ailleurs, elle note aussi que le système a été développé et mis en place en moins de deux mois par T-Systems et SAP, et sera exploité à partir du centre de données de la Commission à Luxembourg.
La Commission a rendu la passerelle opérationnelle depuis ce 19 octobre. Après une phase pilote réussie en septembre, la plateforme a été déployée avec un premier lot d'applications nationales interconnectées. Dans cette première vague, les applications interconnectées sont Corona-Warn-App utilisée en Allemagne, COVID tracker en Irlande et immuni en Italie. Selon la Commission, au total, ces diverses applications de suivi des contacts ont été téléchargées par environ 30 millions de personnes, ce qui correspond aux deux tiers de tous les téléchargements d'applications dans l'UE.
Les applications de la deuxième vague sont prévues pour être connectées la semaine prochaine. Ainsi, eRouška en République tchèque, smitte Stop au Danemark, Apturi COVID en Lettonie et Radar Covid en Espagne devraient alors rejoindre le système. En outre, une troisième vague d’applications va suivre en novembre. La Commission a annoncé qu’au total, 20 applications basées sur des systèmes décentralisés sont prévues pour interagir avec le serveur de la passerelle. Ce point, ajouté à d’autres, exclut StopCovid de la France des applications pouvant être connectées à la passerelle.
La France victime de son protocole Robert qui centralise les données
La principale recommandation de la Commission pour que les applications soient interopérables est d’opter pour un protocole décentralisé. Plusieurs pays ont suivi cette recommandation et se sont appuyés sur l’API proposée par Apple et Google en avril dernier. L’API s’appuie sur le Bluetooth Low Energy (BLE) pour la détection des téléphones à proximité, les échanges de données pertinentes dans le cadre de l’opération et l’émission d’alertes destinées aux utilisateurs du système. Les ingénieurs de Google et Apple ont travaillé à respecter les exigences de la boîte à outils de l’UE.
C’est pour cette raison que les applications de suivi des contacts de l'Allemagne, l’Italie, et l’Irlande peuvent désormais facilement communiquer entre elles. Mais en France, les choses ont été faites différemment. Le pays a développé son propre protocole, nommé Robert, qui centralise les données de suivi. Ce choix de la France a fait en sorte que StopCovid n’est pas en mesure de communiquer avec les applications des autres pays de l’union, ou rend la communication très difficile. De même, le protocole Robert et l’application StopCovid suscitent quelques inquiétudes depuis leur déploiement.
En outre, en juillet, la CNIL a relevé plusieurs irrégularités sur l’application et a demandé leur correction dans l’immédiat. Avant la CNIL, en juin, un rapport avait révélé que StopCovid collectait bien plus de données que ce que le gouvernement avait annoncé. Toutefois, la France n’est pas la seule dans cette situation, par exemple, l’application de suivi des contacts développé par la Hongrie se base également sur un protocole propriétaire.
Source : Communiqué de la Commission européenne
Et vous ?
Qu'en pensez-vous ?
Voir aussi
La Commission de l'UE veut des applis mobiles de suivi de la propagation du Covid-19 respectueuses de la vie privée, installables sur la base du volontariat et publie donc un guide de mise sur pied
StopCovid : l'application collecte bien plus de données que ce que le gouvernement avait annoncé, le secrétariat d'État au numérique s'explique
L'INRIA publie une partie du code source de StopCovid, l'application qui s'appuie sur le protocole ROBERT, plutôt que sur l'API proposée par Apple et Google
Covid-19 : le NHS, système national de santé en Grande-Bretagne, dévoile le code source de son application de traçage de contacts, qui contourne les restrictions d'Apple liées au Bluetooth
Contact tracing : la « passerelle » d'interopérabilité de l'Union Européenne est disponible,
Mais StopCovid de la France n'est pas pris en compte
Contact tracing : la « passerelle » d'interopérabilité de l'Union Européenne est disponible,
Mais StopCovid de la France n'est pas pris en compte
Le , par Bill Fassinou
Une erreur dans cette actualité ? Signalez-nous-la !