Début du déconfinement en France, alors reprise du dossier sur la taxation des géants du numérique. Le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire n'a pas attendu bien longtemps pour annoncer les couleurs : qu’il y ait ou non un accord international, le projet français de taxe numérique sera mis en œuvre cette année, a-t-il déclaré jeudi.
Ce projet de loi, rappelons-le, vise à imposer les activités numériques qui « créent de la valeur grâce aux internautes français » et cible notamment les entreprises qui font, sur leurs activités numériques, un chiffre d’affaires de 750 millions d’euros dans le monde et de plus de 25 millions d’euros en France. L’idée est de les imposer à hauteur de 3 % du chiffre d’affaires réalisé en France sur la publicité ciblée en ligne, la vente de données à des fins publicitaires et la mise en relation des internautes par les plateformes. En définissant ces critères, une trentaine de groupes, majoritairement US, tombent sous le coup de cette taxe qui était censée rapporter 400 millions d’euros en 2019, puis 650 millions cette année.
Ce projet n'a pas fait l'unanimité dans les discussions publiques en France, certains estimant qu'en fin de compte, il ne s'agit pas d'une taxe Gafa et que cela pourrait dissuader les groupes européens juste en dessous du seuil de chercher à booster leurs chiffres d’affaires. Mais dans les votes des élus, on n'était pas vraiment loin du consensus. Le principe a été approuvé par les deux chambres du Parlement et une version commune a été adoptée en juillet dernier.
Les géants US de la technologie étant les premiers visés, l'administration Trump a dénoncé le caractère « extrêmement discriminatoire » de la taxe numérique française à l’égard des multinationales basées aux États-Unis. Elle a exprimé son intention de saisir l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en représailles afin de protéger les intérêts des entreprises technologiques américaines. Donald Trump a même ordonné une enquête sur le projet français de taxation des entreprises technologiques, dans l'objectif de voir quelle serait la riposte US.
Afin de ne pas sombrer dans une guerre commerciale qui ne serait bénéfique à personne, les deux pays ont annoncé une trêve dans le différend qui les oppose sur la taxe numérique. Ils ont décidé de calmer le jeu jusqu'à la fin de l’année 2020 et de poursuivre les négociations au niveau de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sur la taxe numérique pendant cette période.
Ce sont environ 140 États qui négocient actuellement à l'OCDE un nouvel accord sur la fiscalité transfrontalière ; un accord adapté à l'ère numérique. Toutefois, avec la crise sanitaire du coronavirus, les discussions n'ont pas beaucoup avancé alors que la première moitié de l'année est sur le point de se terminer. Ce qui veut dire que l'engagement réaffirmé en début d’année de parvenir à un accord international d’ici fin 2020 semble de plus en plus difficile à tenir.
Comme le ministre des Finances le disait au début de ce mois, la pandémie de nouveau coronavirus en cours et ses conséquences économiques justifient plus que jamais le projet. « Cette crise montre que ceux qui s'en sortent aujourd'hui le mieux, ce sont les géants du numérique simplement parce que leurs activités se poursuivent y compris pendant la crise, et pourtant ce sont les moins taxés », a déclaré Bruno Le Maire, à l'occasion d'une séance de questions-réponses en direct avec les internautes sur le réseau social professionnel LinkedIn. « Donc ma proposition de taxation du numérique, elle est plus d'actualité que jamais et j'espère que nos partenaires européens vont prendre conscience de la nécessité absolue qu'il y a à accélérer sur la taxation des géants du numérique », avait-il mis en garde.
Source : Reuters
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La France déterminée à mettre en œuvre son projet de taxation des géants du numérique en 2020, qu'il y ait ou non un accord international,
Prévient Bruno Le Maire
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Le , par Michael Guilloux
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