"En 2020, 80% des applications tourneront dans le cloud", déclare Microsoft, tout en expliquant que les DSI devront s'adapter à ces changements
Au premier jour des TechDays 2011, nous avons pu rencontrer Jérôme Trédan, Directeur produits serveurs et infrastructure de Cloud computing chez Microsoft France.
Sa mission : encadrer une équipe de chefs de produits sur toute les lignes de produits serveurs, dans 3 grands domaines : les infrastructures (Windows Server, System Center et toute l'offre de sécurité de la gamme Forefront) ; l'axe des plateformes applicatives de Microsoft (SQL Server, Biztalk, .Net) ; et la partie infrastructures cloud computing (qui se développe très rapidement avec Windows et SQL Azure).
L'édition de cette année du grand rendez-vous annuel de l'éditeur étant placé sous le signe du cloud computing, nous avons décidé d'en savoir plus sur cette technologie, ainsi que sur ses applications en entreprise.
Katleen Erna : Pourquoi avoir choisi le cloud computing comme thème de cette édition des TechDays ?
Jérôme Trédan : Car c'est vraiment aujourd'hui que s'opère la transformation de l'informatique, sur plusieurs plans : technologiques et business, puisque cela va modifier énormément le business modèle des entreprises. Nos offres dans ce domaine se déclinent dans trois domaines : l'Iaas, notre offre de cloud privé, que l'on conçoit comme l'évolution des datacenters actuels des entreprises et qui permet la restructuration de ces services en interne par l'entreprise, avec délivrance de services à la demande depuis un portail ; le Paas, notre public cloud, où l'on conseille à l'entreprise de se concentrer sur son coeur de métier tandis que nous prenons tout ce qui va permettre de faire tourner en charge ; et le Saas, comme Office 365. On voit aussi apparaître du cloud hybride, où les entreprises vont juste piocher dans les capacités informatiques complémentaires du cloud, par exemple pour le site Internet d'une compagnie aérienne, particulièrement fréquenté à une période de crise : si les capacités serveur de l'entreprise ne suffisent pas, on peut imaginer que les systèmes aillent chercher dans le cloud toutes les capacités qui leur manquent pour pouvoir garder un taux de disponibilité suffisant.
K. E. : Dans le cadre de vos fonctions, vous avez participé au lancement de Windows 7 et de Windows Vista, que pouvez-vous nous dire de la relation Windows/cloud computing ?
J. T. : L'offre cloud autour du poste client et autour de Windows 7 est incarnée par Windows Intune, qui permettra de sécuriser et d'administrer des PCs en ligne, afin de garder à jour un bon niveau de sécurité. Nos partenaires qui s'occupent de la gestion des parcs informatiques de leurs clients vont donc pouvoir le faire à distance, grâce à cette vraie offre de Saas hébergés dans les datacenters de Microsoft.
K. E. : Faisons un léger retour en arrière avec une étude sortie fin janvier 2011, et qui démontre que 43% des PME ignorent ce qu'est le cloud computing. Que pensez-vous de tels chiffres et que diriez-vous à une entreprise pour lui expliquer ce qu'est le cloud ?
J. T. : Ces chiffres ne sont pas surprenant, le cloud est une tendance nouvelle et il y a beaucoup de travail d'explication à faire, surtout pour les petites entreprises. Le cloud computing, c'est fournir à la demande et dynamiquement des capacités informatiques, c'est la possibilité d'avoir des capacités de ce type sans investissement préalable. Par exemple, si je suis une TPE et que je me lance dans un business, je n'ai pas forcément besoin de faire l'acquisition de serveurs et d'avoir des compétences informatiques au sein de l'entreprise, c'est l'informatique qui devient une commodité, comme l'eau et l'électricité, pendant que je me concentre sur mon coeur de métier. L'informatique de demain, c'est d'avoir toutes ses capacités informatiques gérées par les grands acteurs du marché. D'ici à 2020, je pense que 80% des applications tourneront dans le cloud.
K. E. : Dans l'étude dont je viens de vous parler, les entreprises ont évoqué trois grandes raisons pour expliquer le fait qu'elles rechignent à se mettre au cloud. La première, citée en majorité, est la confidentialité. Comment améliorer le contrôle des données dans le cloud ?
J. T. : Sur ce sujet, nous faisons partie d'un certain nombre de consortiums au niveau mondial, et nous travaillons sur la sécurité des données. Après, il faut que les entreprises acceptent que leurs données ne soient pas forcément hébergées chez elles, même si elles en conservent la propriété. Il y a une dimension psychologique forte, dans le fait de se dire qu'on n'a pas forcément ses données physiquement à coté de soi, et que malgré tout elles ont un niveau de sécurité aussi fort si ce n'est plus fort, que si elles étaient stockées dans des machines au sein même de l'entreprise.
K. E. : La seconde raison invoquée est la sécurité...
J. T. : Sur ce sujet là, Cyril Voisin sera plus à même de vous répondre que moi, pour vous expliquer en détail comment nous nous assurons qu'il n'y a pas de fuites et que les données sont bien protégées. En tous les cas, dans un monde de cloud computing, vous avez un système de réplication de vos données quasiment à l'infini, vous avez donc un risque extrêmement faible qu'elles soient perdues, contrairement aux serveurs physiques à qui il peut arriver beaucoup de choses.
K. E. : La troisième réticence des professionnels est le prix. Tout à l'heure, vous avez prédit que 80% d'applications tourneront dans le cloud en 2020, pensez-vous que l'on se dirige vers une adoption de masse du cloud computing, et si oui, cela en réduira-t-il les coûts ?
J. T. : Concernant les coûts, il y a déjà une dimension fondamentale du cloud qui est le paiement qui se fait à la consommation. Plus vous consommez un service et plus vous payez, c'est totalement proportionnel à l'usage. C'est une révolution comparé aux éditeurs de logiciels qui vendaient jusque là des applications en boite, où le prix d'une licence restait le prix d'une licence, sans tenir compte du niveau de l'utilisation.
K. E. : Le cloud dépend t-il entièrement de la vitesse et de la bande passante disponible ? Cela pourrait-il être amélioré ?
J. T. : Il est évident qu'à partir du moment où l'on parle de services hébergés chez des tiers et mis à la disposition des entreprises, le développement des réseaux et des bandes passantes a été primordial pour permettre un accès permanent, constant et avec un même niveau de qualité au consommateur final. Si le cloud se développe aujourd'hui, c'est que l'on a enlevé ce frein principal des réseaux.
K. E. : « Partout dans le monde, les entreprises profitent des avantages de la virtualisation en réduisant le nombre de serveurs de leur environnement. Mais en même temps cela pourrait entraîner une augmentation des coûts de gestion », a déclaré Symantec en décembre 2010. Pensez-vous effectivement que des augmentations des coûts de gestion sont possibles avec le cloud ?
J. T. : Non, je ne souscrirais pas à cela, car le principe de virtualiser d'avantage, c'est d'utiliser d'avantage les capacités de vos serveurs physiques. Vous en avez besoin d'un moins grand nombre puisqu'ils sont plus puissants et que vous les utilisez au maximum de leurs capacités. En revanche, pour les grandes entreprises, gérer des datacenters puissants et très fortement virtualisés peu poser des problèmes en termes de consommation énergétique et de refroidissement des serveurs, mais c'est une autre problématique.
K. E. : La DSI doit-elle avoir peur du cloud ?
J.T. : Non, il faut par contre qu'elle s'y prépare et qu'elle anticipe le mouvement vers le cloud computing. Ça sera intéressant de voir de quelle manière elle va évoluer, dans la mesure où les métiers et les business vont pouvoir ouvrir des services en ligne sans passer par elle. La DSI va probablement devoir reprendre la main sur tout ça, créer des référentiels et lister des fournisseurs possibles de cloud pour éviter que finalement les services soient déployés dans l'entreprise sans qu'elle ne soit sollicitée.
K. E. : Justement, si une unité d'affaire dans une entreprise achète directement du cloud à un fournisseur sans passer par la DSI, est-ce que cela peut être une solution pérenne ?
J. T. : Oui, ça peut l'être. Mais on ne peut pas laisser n'importe quelle unité de l'entreprise mettre en oeuvre ces services sans qu'il y ait une cohérence globale. Alors que la DSI voie ses missions évoluer, certainement, mais elle ne disparaîtra pas totalement. Et les entreprises iront très rarement vers le cloud computing à 100%, à part peut être les très petites structures. Il y aura toujours une place pour une DSI, elle devra juste évoluer et intégrer le cloud.
K.E. : « Les pionniers ont déjà abandonné le modèle du PC, des ordinateurs de bureau, des dossiers et des fichiers pour se tourner vers des appareils connectés qui interagissent avec des services Cloud », a affirmé Ray Ozzie en octobre 2010. Pensez-vous que le cloud soit l'avenir de l'informatique, et quelle est l'orientation future de Microsoft dans ce domaine ?
J. T. : Vous savez, Ray Ozzie est un peu le père du cloud computing chez Microsoft. Cette tendance va continuer à s'affirmer dans les années à venir, on va évoluer vers des offres toujours plus modulaires, à la carte, et sur un mode de paiement à l'usage. Mais le virage ne se fera pas en quelques mois. Il y aura une banalisation du device, puisque vous pourrez retrouver toutes vos applications et données depuis n'importe quel périphérique.
K. E. :Et concernant la prochaine version de Windows, la rumeur disant que ce sera un OS à 100% orienté cloud est-elle fondée ?
J. T. : La seule chose que je peux vous dire, c'est que la tendance est, comme on l'a annoncé avec le support des architectures ARM, de faire un OS toujours plus modulaire et léger, pour tourner sur des périphériques très différents.
K. E. : Enfin, est-il possible d'avoir des nouvelles de Windows Server ?
J. T. : Oui. Aujourd'hui, il continue sa progression sur le marché français, où il est désormais le système d'exploitation cible de 75% des serveurs qui sont livrés sur ce marché. La partie System Center Server, notre offre de management et d'administration, est aussi en très forte croissance. Elle est aujourd'hui utilisée par plus de 60% des grandes entreprises et 45% des PME.
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Le , par Katleen Erna
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