La collecte de données personnelles est aujourd’hui la principale activité des réseaux sociaux, car elle leur permet de bien catégoriser leurs utilisateurs et de pouvoir leur offrir les services dont ces derniers pourraient avoir besoin. En général, ces plateformes de médias sociaux vivent de ces données personnelles qu’elles recueillent. Cependant, ces dernières années, l’inquiétude est montée très haut en ce qui concerne la sécurité de ces données et le respect de la vie privée des utilisateurs lorsque le nombre de scandales auxquels les noms de ces entreprises sont liés a considérablement augmenté, notamment Facebook.
Pour Stallman, la chose est très claire, une plateforme comme Facebook ne devrait pas exister, car elle n’est pas en grande chose utile pour le monde, mais plutôt, elle devient de jour en jour une menace pour la sécurité de ceux qui l’utilisent. Richard Stallman a analysé les services qu’offre Facebook et a déclaré lors de l’interview que la seule chose qu’il juge peut-être un peu utile sur la plateforme c’est que vous pouvez entrer en contact avec beaucoup de personnes qui ont proposé d'être contactées. Sinon, à part cela, le reste importe peu, dit-il.
D’après ce qu’explique Richard, ce genre de plateformes devraient, en temps normal, simplement vous servir d’entrer en contact avec des personnes qui le désirent et, une fois cela fait, vous ne devriez plus continuer de les utiliser pour communiquer avec votre destinataire, mais vous vous parlerez par le biais d’un autre système de communication de votre choix, en l'occurrence plus sécurisé. Il a parlé du fait que plus vous vous éternisez sur Facebook, plus l’entreprise vous incite à fournir de plus en plus de données sur votre personne et plus vous vous retrouvez à être la marchandise que Facebook et les siens vendent.
« Vous voyez, le modèle commercial de Facebook consiste à faire pression sur les gens pour qu'ils continuent à communiquer via Facebook et à donner des informations personnelles à Facebook. C'est ce qui fait de Facebook un monstre de surveillance. Facebook n'a pas d'utilisateurs, mais en effet, Facebook utilise des personnes. Je ne suis pas l'un d'eux. Je n'ai jamais eu de compte Facebook et je ne le ferai jamais. Facebook espionne même des personnes qui n'ont pas de compte », a-t-il déclaré.
Pourquoi les gens devraient-ils s'inquiéter des données que les réseaux sociaux collectent à leur sujet ? Les données utilisées sont une masse et leur quantité est si énorme. Ce n'est pas vraiment personnalisé, n'est-ce pas ? Lorsque RT lui a posé cette question, Stallman a répondu que « Facebook personnalise les personnes et ces données sont utilisées pour les manipuler et savoir exactement ce que ces derniers ont envie de connaître ou non ». Stallman est allé encore plus loin en indiquant que grâce à cette maîtrise sur les données, Facebook est utilisé pour commettre des discriminations raciales dans les offres d'emploi et les logements, et peut donc nuire à la population de nombreuses façons.
De plus, poursuit-il, le gouvernement américain, à son gré, peut décider de collecter toutes ces données à tout moment et en apprendre beaucoup plus sur les gens. Ce qu’il a essayé d’expliquer, c’est qu’il existe aujourd’hui des « courtiers en données » comme il existe des courtiers en valeurs à Wall Street pour animer les opérations des bourses. Ainsi, les grandes entreprises de données telles que Google et Facebook qui disposent chacune d’une importante quantité de données sur les personnes les vendent toutes par l’intermédiaire des courtiers en données. Ce processus permet par la suite aux courtiers d’étudier les données dont ils sont en possession pour connaître les identités réelles des personnes.
Parmi les plus friands de ces données, il a cité les gouvernements, les services de renseignements, le FBI, etc. Lorsque ces entités entre en possession de ces données, dit-il, ils sont au courant de vos activités sur Facebook, sur Google et sur Twitter, de votre dossier de voyage d'Uber, etc. et finalement, ils mettent le tout ensemble pour tirer des conclusions. Pour Stallman, la situation est arrivée à point critique et les choses ne risquent pas de s’améliorer, car ceux qui achètent ces données ne sont pas censés connaître de telles informations sur les gens.
Cependant, depuis quelques mois maintenant, on entend Mark Zuckerberg annoncé dans presque tous ses débats et toutes ses apparitions que ce que vise son entreprise désormais, c’est de créer une plateforme de communication qui serait une plateforme axée sur la confidentialité et les communications des personnes y seraient privées, cryptées et stockées en toute sécurité. Pour cela, le patron de Facebook a envisagé d’unifier ses plus grandes plateformes de communication pour pouvoir bien mener à bout son idée. « Nous travaillons à ce que de plus en plus de nos produits de messagerie intègrent le chiffrement de bout en bout et réfléchissons à des moyens de faciliter la communication sur les réseaux avec la famille et les amis », avait déclaré un porte-parole de Facebook au cours du mois de janvier de cette année.
Cela dit, pourrait-on croire en ce qu’annonce l’entreprise de Zuckerberg ? Pour Stallman, cela ne risque pas d’arriver même si c’est l'apparence qu’ils donneront, car mis à part les tâches sur l'image de l’entreprise, la situation actuelle arrange Facebook et les gouvernements qui bénéficient de ces données. Ces derniers prétextent qu'ils collectent ces données pour des raisons de sécurité alors qu’il s’agit d’une violation de la vie privée des personnes. En tout état de cause, a expliqué Stallman, un gouvernement qui ne respecte pas nos droits est encore plus dangereux que des terroristes occasionnels qui ne respectent pas nos droits.
« Le fait est que vous ne pouvez pas mettre les gens en sécurité en mettant en place une tyrannie de la surveillance comme en 1984. D'une manière ou d'une autre, nous devons enquêter lorsqu'il existe des preuves d'une menace spécifique. Et cela signifie que lorsqu'il existe des preuves permettant de suspecter quelqu'un, on peut commencer à collecter des données sur ce suspect. Mais collecter des données sur tout le monde dans le cas où l’un d’eux serait suspect, c’est la voie à suivre pour la répression. Et nous devons nous protéger de la répression, ainsi que des terroristes », a-t-il affirmé en dénonçant l’idée d’assurer la sécurité qu’énonce le gouvernement pour couvrir sa collecte de données.
Quelque part dans son allocution, il a abordé l’article 13 de la Directive sur le droit d’auteur au sein de l’Union européenne, qui oblige toutes les plateformes de médias sociaux et de publication à installer des filtres automatisés pour scanner les publications antérieures des utilisateurs. Ces filtres automatisés bloqueront vos publications s’ils décident d’utiliser une musique vidéo ou une image protégée par le droit d’auteur. Ces filtres sont-ils équivalents à la censure ?, a demandé le média RT à Stallman. Du point de Stallman, cette mesure qui est en train d’être prise en Europe est une « injustice en soi ». Selon lui, copier et partager sont une bonne chose et les gens devraient être libres, légalement, de partager des copies de tout travail publié. Néanmoins, dit-il, le fait de ne pas publier vos données personnelles, qui sont secrètes, c'est un problème totalement différent.
« Alors fois que quelque chose est publié, ce n'est plus un secret et nous devrions tous être libres de le partager sur Internet. Donc, cette loi est non seulement nuisible, son but injuste, mais elle servira également à la censure. Sur YouTube, nous avons vu des cas où quelqu'un a posté, par exemple, un message politique, et quelqu'un qui n'aime pas ça prétend qu'il y a violation du droit d'auteur, mais cette affirmation est un mensonge. Ces fausses déclarations se produisent assez souvent, et ils servent à censurer le matériel que le menteur veut censurer », a-t-il déclaré à ce propos.
Source : RT
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