Le gouvernement britannique a trouvé une solution pour aider les ex-prisonniers à se réinsérer facilement dans le tissu social afin d’éviter la récidive. Avec le grand nombre de personnes à l'intérieur des prisons, qui n'ont pas les compétences nécessaires pour occuper un emploi après leur période de détention, le retour à l’incarcération est souvent inévitable. Pour rappel, le taux national de récidive aux États-Unis est de 55 % et le coût de la récidive au Royaume-Uni est estimé à environ 15 milliards de livres sterling (19,69 milliards de dollars), selon le Département du numérique, de la culture, des médias et du sport. Un nouveau programme gouvernemental au Royaume-Uni cherche à résoudre ce problème en enseignant le code aux détenus « soigneusement sélectionnés » afin de mieux les préparer au monde du travail.
Le Département du numérique, de la culture, des médias et des sports du pays a annoncé l'octroi de 100 000 livres sterling (132 384 dollars des États-Unis) pour financer le projet dans deux prisons – Humber et Holme House, dans le comté de Durham – et un centre d'emploi à Sheffield qui fournit une aide et une formation supplémentaires aux détenus à leur sortie de prison. Le projet s'inscrit dans le cadre d'un effort de 1,2 million de livres sterling visant à améliorer les compétences numériques des personnes issues de groupes défavorisés, d’après un article de BBC News publié la semaine dernière.
Seuls les prisonniers « soigneusement sélectionnés » apprendront à coder. Les cours seront dirigés par des bénévoles et des experts de l'industrie et les prisonniers feront des essais qui mèneront éventuellement à un réseau d'ateliers de codage dans les prisons du Royaume-Uni, selon BBC. Ils travailleront ensuite sur des projets concrets avec des clients externes.
Le programme n’est pas le premier du genre. Il s'inspire du projet Last Mile de la prison de San Quentin, en Californie, qui a aidé près de 500 délinquants à trouver un emploi après leur libération, et aucun d'entre eux n’a récidivé. En effet, à travers un programme intitulé « The Last Mile », les détenus à San Quentin apprennent à coder. Ils sont également aidés dans le cadre du programme à trouver du travail dans le développement de logiciels, et cela semble porter des fruits. Un rapport publié en avril 2017 indiquait en effet qu’aucun des anciens prisonniers qui ont suivi le programme n'est retourné en prison depuis sa libération.
C’est ce programme à succès que le Royaume-Uni veut rééditer en commençant par deux prisons et un centre d'emploi. A ce propos, Margot James, le ministre de la culture, des communications et des industries créatives, a déclaré que « le gouvernement s'est engagé à mettre fin au cycle de la récidive et l'emploi est un atout précieux pour prévenir la récidive ». « Doter les délinquants d'aptitudes au codage les aidera à changer de vie et leur ouvrira la voie à une carrière extrêmement gratifiante », a-t-elle ajouté.
Les prisonniers sélectionnés commenceront la formation par le HTML, CSS et JavaScript avant de passer à Git, TDD, MVC, bases de données et développement full stack, a rapporté la BBC News. Ensuite, ils travailleront sur des projets réels pour des clients externes, et l'argent gagné sera réinvesti dans le projet. Et la dernière étape du projet consistera pour les détenus à travailler pour des clients en sortie temporaire d'une journée, ce qui, espérons-le, les aidera à trouver un emploi de développeur, une fois qu’ils seront libérés.
« Ce projet a changé ma vie », a déclaré un détenu qui a participé à l'essai du programme. « Dans une période d'incertitude et de stress, on m'a donné une bouée de sauvetage. Je n'ai jamais été aussi sûr de ce que j'attendais de la vie et de la façon dont j'allais l'accomplir. Je ne m'inquiète même plus de l'emploi au moment de la libération. Je vais l'écraser. »
Le projet d’enseignement de code aux détenus financé par le gouvernement est également bien accueilli par les enseignants du développement informatique. En effet, Neil Barnby, qui a enseigné en programmation informatique aux détenus au HMP Humber, dans le cadre d'une organisation appelée Code 4000, a dit : « Les ateliers réduisent la récidive à un taux mesurable, car nous restons en contact avec nos diplômés. Nous voyons constamment le succès après le succès ».
« Quand j'ai commencé à enseigner dans les prisons, j'ai pensé que si je pouvais changer une seule vie, détourner une personne du crime, alors j'avais accompli quelque chose de vraiment merveilleux. », a-t-il ajouté.
La récidive au Royaume-Uni coûte environ 15 milliards de livres sterling et la surcapacité de nombreuses prisons du pays. C’est pourquoi le gouvernement fonde ses espoirs sur ce projet d’enseignement de code, qui a jusqu'à présent un taux de réussite de 100 % pour ce qui est de prévenir la récidive.
« Je jette un regard rétrospectif sur les années pendant lesquelles j'ai enseigné le développement de logiciel dans les prisons et je peux voir toutes les vies que j'ai contribué à changer pour le mieux. Pas seulement les ex-délinquants, mais leurs familles et, plus important encore, leurs enfants », a déclaré Neil Barnby. « C'est un énorme sentiment d'accomplissement, et avec ce financement, j'ai hâte de changer encore plus de vies. », a-t-il ajouté.
Alors que le Royaume-Uni suit l’exemple de réussite de la Californie pour enseigner aux détenus la programmation informatique, d'autres États leur interdisent même de posséder ou de recevoir des livres sur la programmation informatique sous le motif qu'ils constituent une « menace pour l'ordre et la sécurité ». C’est le cas par exemple de l’Ohio et du Michigan, d’après des informations obtenues par MuckRock en 2017, un organisme basé aux États-Unis qui aide tous ceux qui le souhaitent à déposer des requêtes gouvernementales visant à obtenir des informations par le biais du Freedom of Information Act.
Espérons que d’autres programmes soient trouvés pour ceux qui sont dans l’incapacité d’apprendre le code afin d’étendre la prévention de la récidive à leur niveau et leur garantir également un emploi à la sortie de la prison.
Source : BBC News
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Le , par Stan Adkens
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