Il l’avait déjà dit une fois en octobre 2016, lors de la conférence Linaro Connect, qu’il préférait l’architecture x86 à l'architecture ARM. Il y a un peu plus de deux ans, Torvalds disait que l’ouverture et l’étendue de l’écosystème matériel (PC) formé autour de x86 sont inégalées, alors que l’écosystème ARM reste fragmenté. « Le jeu d’instructions et le noyau du CPU ne sont pas très importants », a déclaré Torvalds. « C’est un facteur sur lequel les gens ont tendance à se fixer, mais […] ce qui importe c’est l’infrastructure disponible autour du jeu d’instructions. Et x86 fournit cette infrastructure, à plusieurs niveaux », disait-il.
Les processeurs ARM sont dotés d'une architecture relativement plus simple que d'autres familles de processeurs et bénéficient d'une faible consommation électrique. Ils sont devenus depuis quelques années dominants dans le domaine de l’informatique embarquée, en particulier la téléphonie mobile et les tablettes. Cependant, pour Torvalds et quelques autres, cette architecture ne pourra pas s’imposer dans la famille des serveurs. Pour justifier sa position, Torvalds avance les arguments tels que le niveau de fragmentation élevé dans l’écosystème ARM et des systèmes conçus sous ces processeurs, les configurations matérielles variées, les limitations de compatibilité et parfois les coûts de déploiement très élevés.
Ainsi, expose-t-il, les serveurs ont eu droit à quelques complications avec l’architecture ARM, qui sont pour la plupart des problèmes de développement logiciel. Chaque chipset a ses propres caractéristiques d’architecture, de réseau et d’I/O, ce qui fait que chaque configuration doit avoir sa propre partie software afin de tirer profit de ces caractéristiques. Cette contrainte a ralenti significativement l’adoption d’ARM dans les serveurs. Par opposition, l’architecture x86 ne souffre pas de ces limitations de compatibilité et continue à dominer le marché des serveurs, dit-il. Cette année, dans un mail adressé à la communauté le 21 février, il revient sur le sujet et énonce encore une fois le fait qu'ARM ne gagnera pas l’espace serveur.
Ses arguments sont que les serveurs ARM ne conviennent pas à la plupart des développeurs pour cause d'innombrables problèmes de stabilité, ils possèdent un coût élevé et seraient lents. Dans son mail, il explique d’un côté que l’avantage des processeurs ARM en termes de puissance n’est qu’une large théorie et d’un autre côté que le déploiement de tels serveurs ne profite ni aux entreprises ni aux fournisseurs d’hébergement sur le cloud. Voici ce qu’il écrit concernant les coût de déploiement des serveurs ARM :
« L’avantage de prix d’ARM n’existera jamais pour les serveurs ARM, à moins que vous obteniez un volume suffisant pour compenser l’énorme avantage en matière de volume de serveur d’Intel. Être un petit dé avec un NRE (non-recurring engineering ou ingénierie non récurrente désigne le coût ponctuel de la recherche, de la conception, du développement et du test d’un nouveau produit ou d'une amélioration de produit) moins cher importe peu, quand on ne peut pas compenser les coûts de développement en volume. Regardez chaque offre de serveur ARM jusqu'à présent, ils étaient non seulement plus lents, mais plus chers », a-t-il écrit dans son mail. D’après lui, c’est à cause de ces quelques raisons que x86 l’emporte largement sur ARM sur le marché des serveurs.
Un autre problème que souligne un internaute est que les serveurs ARM ont tendance à être utilisés pour de petites niches et qu’ils ne conviennent pas souvent aux petits développeurs pouvant vivre avec n’importe quel serveur. Bien que certaines grandes entreprises les trouvent attractives, les serveurs ARM actuellement disponibles ne conviennent pas à la plupart des développeurs. D’autres soulignent des inconvénients tels que : la difficile mesure du ROI (return of investment), l’écosystème minuscule de l’architecture ARM, les problèmes de disponibilité et de déploiement, etc.
Ils estiment que les problèmes liés aux logiciels seront probablement la principale préoccupation immédiate. Alors que de nombreux services populaires seront exécutés sur des serveurs ARM, le support logiciel posera problème. Il ne suffit pas, expliquent-ils, de simplement transférer des éléments sur du nouveau matériel, on doit s’assurer que tout fonctionne correctement afin d'éviter tout problème de performance ou d'échec. En d'autres termes, le logiciel porté doit être mature. Personne ne développe ni ne déploie un service basé sur des fondements erronés.
L’optimisme en gagne certains et ils voient un avenir radieux avec les serveurs ARM. Pour eux les améliorations seront peut-être lentes, mais Linus à tort d’affirmer qu'ARM ne parviendra pas un jour à la hauteur d’Intel avec son x86. Ils expliquent que des efforts sont faits pour que dans les années à venir, les coûts matériels soient réduits et pour permettre l’augmentation de la compatibilité et de la disponibilité des ports populaires. Ils ont évoqué également la prise en charge des technologies de pointe et des nouvelles normes de l’industrie, ce qui lui permettra d'exceller sur certains types de charges de travail. Pour eux, ces réels avantages qu’ils attendent des processeurs ARM côté serveurs vont relancer la concurrence avec le x86, et lui permettre d'engranger une bonne part du marché.
Source : Real World Tech
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à cause du niveau de fragmentation élevé et d'autres raisons
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Le , par Bill Fassinou
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