Il y a quelques mois, Google avait annoncé une refonte globale de son offre Google Maps à destination des professionnels. Cette refonte impliquait à terme, une obligation de renseigner un code de carte bleue. Ce qui s’est traduit par une augmentation des prix pour les usages professionnels et une diminution du volume d’affichages gratuits autorisés. Ces changements importants n’avaient pas laissé l’opinion publique indifférente.
Que ce soient les entreprises, les développeurs ou les collectivités territoriales qui ont basé certains de leurs services sur Google Maps, tous ont vivement marqué leur mécontentement quant à ces changements. Et par endroits, ce mécontentement s’est exprimé par un abandon du service de cartographie de Google pour des solutions open source plus accessibles. Cependant, Google Maps n’a pas fini de faire parler de lui. Récemment, le service a procédé à la modification de certains noms de quartiers et de districts.
Auparavant connu sous les noms de Rincon Hill, South Beach ou encore South of Market, le district situé au sud du centre-ville et le long de la baie de San Francisco a été renommé ce printemps sur Google Maps et porte désormais le nom « The East Cut ». Cette nouvelle dénomination s’est rapidement répandue sur les sites et services numériques se servant de Google Maps et peu de temps après dans le monde réel. Même des agences de presse ont fait référence au district sous cette appellation.
« Cela porte atteinte à la réputation de notre région », a déclaré Tad Bogdan, un habitant de ce district depuis 14 ans qui a récemment réalisé un sondage auprès de 271 voisins sur cette nouvelle dénomination. Il a trouvé que 90 % de ses voisins interrogés étaient foncièrement contre. Le fait qu’un quartier vieux d’environ 170 ans puisse voir son nom changé aussi rapidement est révélateur du fait que Google Maps est devenu le « principal décisionnaire » des noms de lieux.
Les cartographes de Google peuvent arbitrairement prendre des décisions modifiant l’identité d’une ville, d’un village ou d’un quartier. Une preuve de ce pouvoir de Google Maps, c’est le quartier de Detroit auparavant connue sous le nom de Fiskhorn mais qui aujourd’hui est appelé Fishkorn. Malgré tout ça, Google refuserait de dévoiler la manière dont certains noms de lieux ont vu le jour.
Jeffrey Schneider, un architecte vivant dans la région de Silver Lake à Los Angeles a déclaré qu’il avait récemment commencé à nommer la colline sur laquelle il habitait par l’appellation Silver Lake Heights. Il y a un an, cette appellation est aussi apparue sur Google Maps. Et pour chaque annonce immobilière dans le quartier, Google Maps s’y réfère sous cette dénomination.
Google Maps est mis à jour en permanence et exploité par plus d’un milliard de personnes. Google transmet également des données cartographiques à des milliers de sites Web et d’applications. La prédominance du service est donc parfaitement compréhensible. Selon comScore qui suit le trafic Web, plus de 63 % des personnes ayant accédé à une carte sur un mobile ou une tablette l’ont fait avec Google Maps, contre 19,4 % et 5,5 % respectivement pour Alibaba et Apple.
Le géant de la Silicon Valley a déclaré que ses cartes étaient conçues à partir de données tierces, de sources publiques, de satellites et d’importants utilisateurs. Les utilisateurs peuvent effectuer des modifications qui sont ensuite soumises à Google. Certaines de ces modifications sont donc contrôlées par des personnes ayant peu ou pas de connaissances sur le lieu en question.
Les utilisateurs de Google Maps qui ont l'habitude de faire des modifications précises ont déclaré qu'à partir d'un moment, leurs modifications étaient validées instantanément sans contrôle. Les conséquences de ces modifications sont souvent importantes, provoquant un trafic accru dans des quartiers normalement calmes. Il est même arrivé en 2010 que Google Maps bidouille la frontière entre le Costa Rica et le Nicaragua provoquant presque un incident international.
Matthew Hyland, copropriétaire des pizzerias Emily et Emmy Squared de New York a déclaré qu'il considérait tous ces noms, dont certains ont été supprimés par lui, comme étant inventés. Il ajoute qu’un jour, quelqu’un lui a dit qu’il vivait à Stuyvesant Heights. Et lorsqu’il a vérifié sur Google Maps, il a vu que ce nom existait dans le service de cartographie, ce qui l’a laissé complètement abasourdi.
Timothy Boscarino, un urbaniste de Detroit, a localisé l'origine de ces noms utilisés par Google sur une carte publiée en ligne vers 2002 par quelques résidents. « Google a presque copié à l'identique les quartiers et les limites de cette carte, jusque dans ses fautes de frappe », a-t-il déclaré.
L’ancien urbaniste de Detroit, Arthur Mullen, a déclaré être l’auteur de la carte de 2002 et a exprimé son étonnement à propos du fait que ses fautes de frappe aient été si largement diffusées.
Il a dit avoir utilisé de vieux livres et ses connaissances locales pour réaliser la carte, rapproché les limites par moments et inséré des noms avec des liens ténus avec les quartiers, dans l'espoir de recueillir des commentaires. Il avoue volontiers que certains des noms sur sa carte semblaient douteux et finit par déclarer que les gens ne devraient pas avoir à vivre avec des erreurs commises par lui il y a presque deux décennies.
Des fonctionnaires de Detroit ont récemment conduit un sondage au sein de la communauté pour établir une carte officielle des quartiers. Cet exercice a corrigé bon nombre d’erreurs bien que celles-ci semblent conservées sur Google Maps. Mais dans de nombreux districts dont les résidents n'étaient pas réellement certains des noms historiques, les autorités se sont largement appuyées sur Google, canonisant par la même occasion certaines « erreurs » de Google Maps.
Le nom The East Cut donné au district de San Francisco mentionné plus haut provient d’un organisme à but non lucratif du quartier que les résidents ont désigné pour nettoyer et sécuriser la zone. Cet organisme aurait déboursé 68 000 dollars pour qu’une entreprise de conception de marque renomme le district. Cette dénomination a été choisie en partie pour faire référence à un projet de construction de 1869 qui visait à traverser la colline de Rincon à proximité du quartier. Mais ce n’est que lorsque Google Maps a adopté cette appellation qu’elle a réellement attiré l’attention et les moqueries.
« The East Cut ressemble à un nom de sandwich à 17 dollars », a tweeté Menotti Minutillo, un ingénieur d’Uber travaillant à la frontière du quartier.
Andrew Robinson, directeur exécutif de l’organisme à but non lucratif cité plus haut, a déclaré que son équipe avait demandé à Google d'ajouter le nom The East Cut à ses cartes. Un porte-parole de Google a ensuite confirmé que les employés avaient manuellement inséré le nom après l'avoir vérifié auprès de sources publiques.
Google Maps a également validé d'autres quartiers peu connus de San Francisco. Balboa Hollow, un quartier d'environ 50 pâtés de maisons au nord de Golden Gate Park, revendiquerait sur son site web son existence en tant que quartier distinct depuis qu’il a été ajouté à Google Maps.
Source : NYT
Et vous ?
Que pensez-vous de cette influence que Google Maps peut avoir dans le monde réel ?
Voir aussi
La nouvelle grille tarifaire de Google Maps met la communauté des développeurs en ébullition préparez-vous à faire chauffer la carte bleue
Maps : Google interdit désormais les critiques négatives des anciens employés sur leurs anciens employeurs
Google Maps reçoit un nouveau design pour faciliter l'identification de points d'intérêts l'application devient plus intelligente
Google Maps va bientôt vous proposer de trouver une place de stationnement la fonctionnalité est actuellement en déploiement dans 25 villes
USA : Google renomme des quartiers et districts sur Google Maps
Et les nouveaux noms sont utilisés dans le monde réel
USA : Google renomme des quartiers et districts sur Google Maps
Et les nouveaux noms sont utilisés dans le monde réel
Le , par Bill Fassinou
Une erreur dans cette actualité ? Signalez-nous-la !