Il y a peu, Google avait affronté les critiques – et un début d'enquête - de la part de la commission européenne suite à une plainte (de Microsoft) sur le secret et l'opacité de l'algorithme de son moteur de recherche.
Pris entre la concurrence de Bing et de Yahoo, et le besoin de clarté pour prouver qu'il ne référence pas certains sites (les siens) mieux que d'autres (ceux des autres), Google avait consenti à venir s'expliquer et à livrer quelques éléments de réponse mais pas à dévoiler sa méthode.
L'algorithme reste donc, lui, un secret bien gardé. Un secret industriel.
Une intervention qui semble bien loin d'avoir calmé les choses.
Aujourd'hui, les inquiétudes qu'entraine l'opacité des méthodes du numéro un mondial des moteurs de recherche semblent également toucher les Etats-Unis. Premier argument avancé au pays de la libre entreprise, ce manque de transparence pourrait être un frein à la concurrence.
« Quand les ingénieurs de Google apportent des changements à cet algorithme supersecret - comme ils le font des centaines de fois par an - ils peuvent détruire le business d'un site Web poussé vers le bas du classement », note ainsi le très sérieux New-York Times dans un édito. Une des solutions au problème consisterait, d'après le journal, à obliger Google à s'expliquer sur la manière dont il décide d'apporter ces changements.
Mais le New-York Times va plus loin et suggère même de « donner le pouvoir à une commission gouvernementale pour regarder ces changements » apportés au fur et à mesure à l'algorithme.
Pour autant, l'éditorialiste met le doigt sur un problème épineux. Laisser Google maître de son algorithme, c'est se mettre sous le pouvoir d'un Roi dont on ne connait pas la Loi. Mais contrôler la manière qu'a Google de traiter chaque évolution de cet algorithme, c'est aussi ralentir, voire diminuer, sa capacité à innover.
Pire, publier l'algorithme permettrait à tous les sites de l'utiliser pour être en haut du référencement. Avec deux résultats catastrophiques : une montée en puissance des sites « spam » et une perte de pertinence des résultats de Google.
Le problème est donc très complexe. Encore plus quand on considère la réponse de Marissa Mayer, vice-présidente de Google.
Marissa Mayer est profondément opposée à toute intrusion de l'Etat pour garantir une impossible « neutralité des recherches ».
Chaque moteur de recherche possède son propre algorithme. C'est à l'utilisateur de choisir celui qui lui convient le mieux en fonction de ses attentes. Le meilleur référencement est histoire de subjectivité, dit-elle en substance.
« Les tenants de la “search neutrality” veulent mettre fin à ce système et introduire un jeu de règles avec lequel le gouvernement pourrait réguler les résultats des recherches ». Mais le gouvernement sait-il ce qu'est un bon résultat pour une recherche ? Sous-entendu : ceci serait une pratique anti-concurrentielle (tous les moteurs auraient les mêmes résultats) et, pire, anti-démocratique.
Ce qu'elle exprime dans une attaque tranchante : « Les partisans de la neutralité des recherches disent effectivement qu'ils savent ce qui est le meilleur pour vous. Nous, nous pensons que ce sont les consommateurs qui sont capables de décider par eux-mêmes ».
Au pays de l'Oncle Sam, l'argument risque de faire mouche.
Peut-être un peu moins en Europe.
Mais la question est la même des deux cotés de l'Atlantique.
Source : L'édito du New-York Times, la réponse de Google dans le Financial Times (reproduite sur le Blog officiel de Google)
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Etes-vous d'accord avec les partisans de la neutralité des recherches et de la publication de l'algorithme de Google ? Ou êtes-vous d'accord avec les arguments de Marissa Mayer ?
Comment contrôler que Google ne dérape pas tout en respectant sa liberté et sa propriété industrielle ?
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Le , par Gordon Fowler
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