Le 6 juillet 2017, Tim Berners-Lee, le patron du World Wild Web Consortium (W3C) a approuvé la controversée spécification EME (Encrypted Media Extensions). Si elle ne définit pas de système de protection de contenu ou de gestion de droits numériques (DRM), la spécification EME définit une API commune qui peut être utilisée pour découvrir, sélectionner et interagir avec de tels systèmes ainsi qu'avec des systèmes de chiffrement de contenu plus simples. Elle pourra donc avoir pour conséquence de booster la publication de contenu protégé par DRM sur le Web, raison pour laquelle elle fait l’objet de controverse. Rappelons-le, les DRM (Digital Rights Management) offrent un ensemble de mesures techniques de protection qui ont pour objectif de contrôler l'utilisation qui est faite des œuvres numériques.
La décision de Tim Berners-Lee était attendue depuis avril dernier, mais semble-t-il, a été retardée pour un examen approfondi, vu l’importance et la polémique autour de cette spécification. Plusieurs objections ont été soulevées au cours de la dernière révision de la spécification. « Le directeur [du W3C] a examiné très attentivement ces objections et a également discuté avec les experts et le grand public », rapporte Philippe Le Hégaret, Project Management Lead, au nom de Tim Berners-Lee. « Dans certains cas, le directeur a constaté que les objections avaient déjà été traitées, mais a demandé au groupe de travail de préciser la manière dont ces questions étaient traitées [...] Dans d'autres cas, les objections ont été rejetées. Sur la base de cela, et le fait que [la spécification] EME améliore l'expérience de l'utilisateur par rapport aux solutions d'aujourd'hui, le directeur a décidé de publier la spécification EME révisée en tant que Recommandation du W3C. »
Tim Berners-Lee estime en effet que « par rapport aux méthodes précédentes de visualisation de vidéo chiffrée sur le Web, EME a l'avantage que toutes les interactions se produisent au sein du navigateur Web et sont gérées par le navigateur et non les plugins. De cette manière, EME offre une meilleure expérience utilisateur, offrant une plus grande interopérabilité, confidentialité, sécurité et accessibilité à la visualisation de vidéos chiffrées sur le Web. » Bien que cette spécification ne supprime pas le fait que l'utilisateur doit interagir avec un module de déchiffrement de contenu (CDM), le patron du W3C pense qu’il s'agit d'une « amélioration par rapport à la situation pré-EME et une étape vers des améliorations futures également ».
Cette décision peut toutefois être encore renversée, et pour cela, la Free Software Foundation (FSF), avec sa campagne Defective by Design, lance un appel aux organisations membres du comité consultatif du W3C à réagir. « Les organisations membres du W3C doivent prendre leurs responsabilités pour les droits numériques des utilisateurs du Web et faire appel de la décision désastreuse de Tim Berners-Lee », a déclaré Zak Rogoff, responsable des campagnes FSF. « Les priorités de ceux qui définissent les normes doivent être la liberté, la confidentialité, la sécurité, l'interopérabilité et l'accessibilité des utilisateurs, et ne pas aider Hollywood et les entreprises de streaming à rendre leur DRM anti-utilisateur plus efficace », dit-il. Il suffirait que 5 % des 475 membres du comité du W3C rejoignent la campagne anti-EME pour déclencher un vote de l'ensemble du comité afin de prendre une décision définitive soit pour ratifier, soit pour rejeter la spécification EME.
Sources : Décision de Tim Berners-Lee, FSF
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Les organisations membres du W3C peuvent encore faire appel
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Le , par Michael Guilloux
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