Plus précisément, la Commission craignait non seulement que Microsoft installe d’office LinkedIn sur les ordinateurs Windows, mais également que le géant du logiciel intègre LinkedIn à Microsoft Office et combine la plateforme et les bases de données d'utilisateurs de Microsoft. Bruxelles craignait encore que Microsoft empêche les concurrents de LinkedIn d'avoir accès à ses API dont ces derniers ont besoin pour assurer une interopérabilité avec les produits de Microsoft.
L’enquête de la Commission portait également sur le marché des logiciels de gestion de relation client (CRM) et les services de publicité en ligne. Pour la publicité, Bruxelles estime que la combinaison des activités de Microsoft et LinkedIn n’est pas susceptible de créer des problèmes de concurrence vu que les deux entreprises auront une très faible part cumulée dans l’espace économique européen, sur un marché qui est en plus fragmenté.
En ce qui concerne les logiciels CRM, la Commission estime encore que « Microsoft est un acteur relativement faible sur le marché de la gestion de la relation client, où il est confronté à des concurrents puissants, tels que Salesforce, le numéro un incontesté du marché, Oracle et SAP », est-il indiqué dans un communiqué de presse de l’autorité européenne de la concurrence. « En conséquence, la Commission a estimé qu'il était peu probable que l'opération permette à Microsoft d'évincer ces acteurs et d'éliminer la concurrence sur ce marché », a-t-elle conclu.
Le seul problème était donc au niveau des services de réseaux sociaux professionnels. Comme nous l’avons rapporté le mois dernier, pour remédier aux problèmes de concurrence relevés par la Commission sur ce marché, Microsoft a proposé une série d'engagements. Le géant du logiciel a promis :
- de veiller à ce que les fabricants et les distributeurs de PC soient libres de ne pas installer LinkedIn sous Windows et de permettre aux utilisateurs de PC de désinstaller LinkedIn sous Windows si les fabricants et les distributeurs décident de l'installer d'office ;
- de permettre aux prestataires de services de réseaux sociaux professionnels concurrents de maintenir les niveaux actuels d'interopérabilité avec la gamme de produits de Microsoft Office grâce au complément d'Office et aux interfaces de programmation d'applications Office ;
- d'accorder aux fournisseurs de services de réseaux sociaux professionnels l'accès à l’API Microsoft Graph destinée aux concepteurs de logiciels. Cet outil est utilisé pour concevoir des applications et des services qui peuvent accéder aux données stockées dans le cloud de Microsoft, telles que les contacts, les informations relatives au calendrier, les courriels, etc.
Estimant que ces concessions vont permettre de résoudre les problèmes de concurrence évoqués, la Commission a donc approuvé le rachat de LinkedIn par Microsoft. La firme de Redmond devrait donc veiller à respecter ses engagements dont la mise en œuvre sera contrôlée par un mandataire de Bruxelles. Il faut également préciser que ces engagements s’appliqueront dans l’espace économique européen pendant une période de cinq ans.
Dans un billet de blog, Brad Smith, le directeur des affaires juridiques de Microsoft, se réjouit de cette décision expliquant que la firme a « désormais obtenu toutes les autorisations légales nécessaires pour finaliser l’acquisition et l’opération sera finalisée dans quelques jours ». Il faut également préciser que les régulateurs du Brésil, des États-Unis, du Canada et de l’Afrique du Sud ont approuvé le rachat de LinkedIn sans concession.
Sources : Microsoft, Commission européenne
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