Depuis quelques semaines déjà, Facebook, Google et Twitter entre autres sont sur le banc des accusés quant au fait que leurs plateformes ont contribué à répandre de fausses actualités. Si le phénomène de diffusion de fausses actualités en lui-même n’est pas nouveau, les entreprises technologiques se sont vues obligées de prendre très vite des mesures à cause du fait que les voix les accusant d’avoir contribué à l’élection de Donald Trump se faisaient de plus en plus nombreuses.
Même si Mark Zuckerberg, le PDG de Facebook, avait d’abord affirmé qu’il trouvait ridicule l’idée même de voir Facebook avoir influencé le cours de l’élection à cause de cela, très vite, son entreprise a dévoilé ses plans pour lutter contre ce fléau, ne manquant pas de dire combien elle prend ce problème au sérieux.
Dans l’optique de prouver à Mark Zuckerberg combien il se trompait lorsqu’il a expliqué que le problème des fausses actualités est « plus complexe, à la fois techniquement et philosophiquement ». Daniel Sieradski, un journaliste indépendant de 37 ans, a proposé une extension de navigateur permettant de vérifier la véracité d’une actualité sur le réseau social. Comme l’explique le descriptif, B.S. Detector (détecteur de foutaises) est « une réplique suite aux affirmations douteuses de Mark Zuckerberg selon lesquelles Facebook est incapable de s'attaquer substantiellement à la prolifération des fausses nouvelles sur sa plateforme. Extension à la fois disponible sur les navigateurs Chrome et Mozilla, B.S. Detector parcourt tous les liens d’une page web donnée pour chercher des références à des sources non fiables en se basant sur une liste manuellement compilée de domaines. Il fournit ensuite des avertissements visuels sur la présence de liens douteux ou d’une navigation sur des sites Web douteux ».
Une fois installé, B. S. Detector range par catégories les sites pour éviter la polémique. Parmi les catégories figure « Fake News » dont les sources montent de toutes pièces des histoires dans l’intention de piéger le public, « Satire » dont les sources fournissent un contenu à caractère humoristique sous forme de Fake News, « Hate Group » dont les sources font activement des propagandes discriminatoires (racistes, homophobes, etc.), Clickbait dont les sources ont pour objectif de générer des revenus marketing en suscitant les clics massifs par des titres sensationnels. Bien entendu, il ne s’agit là que d’une partie des catégories.
Lorsque B. S. Detector tombe sur un article, il va donc parcourir les liens et le comparer à sa compilation de sites d’actualité d’une fiabilité douteuse. Cette liste est régulièrement mise à jour et les utilisateurs sont invités à participer en signalant des sites sur lesquels ils tombent qui figurent dans l’une de ces catégories. Lorsqu’un utilisateur tombe sur un article qui figure dans l’une de ces catégories, l’extension va lui donner un avertissement explicite (par exemple « ce site n’est pas une source fiable d’actualité ») accompagné d’une précision à l’intention de l’utilisateur (comme « motif : théorie du complot »).
Pour Daniel Sieradski, « la prolifération de la désinformation a sérieusement réduit la capacité des gens à faire des choix en connaissance de cause quand il s’agit de politique » À ses yeux, il est donc fondamental de rétablir des filtres et des avertissements.
Facebook, qui avait d’abord bloqué sur sa plateforme le lien menant au dépôt GitHub de l’extension pour « des raisons de sécurité », a fini par débloquer le lien en prétendant avoir fait une erreur, exactement comme s’y attendait Sieradski qui laisse supposer une certaine méfiance de la presse technologique sur la volonté de Facebook l’idée de régler le problème de la désinformation.
Le créateur de l’extension a expliqué au Guardian que selon lui « ce n’est évidemment pas pour des raisons de sécurité, car l’extension n’affecte aucun paramètre de sécurité. Cela n’affecte pas l’intégrité de Facebook, l’extension ajoute seulement des éléments HTML sur une page. Elle ne fait rien de malveillant… Je pense que [Facebook] n’a pas du tout aimé l’article de TechCrunch ». Pour rappel, l'article de TechCrunch parlait d'un déploiement d'un nouvel outil par Facebook pour permettre de vite repérer les actualités factices avant de mettre à jour son article après avoir été contacté par Sieradski et d'indiquer qu'il avait simplement oublié qu'il avait téléchargé l'outil B. S. Detector.
Quoiqu’il en soit, Facebook pourrait avoir emprunté le même chemin ; certains utilisateurs ont commencé à voir Facebook leur demander leur avis sur la pertinence.des titres.
Le contexte actuel semble inviter les plateformes de réseautage social a prendre rapidement des mesures. En effet, le New York Times rapporte que les partisans du « Pizzagate » sont convaincus qu'Hillary Clinton utilise une pizzeria de Washington (le Comet Ping Pong) comme quartier général pour gérer un réseau pédophile. Une théorie du complot qui a vite fait d’être répandue sur internet, qui a poussé un homme à ouvrir le feu dans l'établissement ce dimanche sans blesser personne.
Pour James Alefantis, propriétaire du Comet Ping Pong, « ce qui s’est passé aujourd’hui prouve que la propagation de théories du complot aussi fausses que dangereuses n’est pas sans conséquence. J’espère que ceux qui attisent ces flammes vont réfléchir à ce qui s’est passé et cesser de promouvoir de tels mensonges ».
dépôt GitHub de B. S. Detector
Source : New York Times, B. S. Detector, The Guardian
Quand Facebook bloque le lien menant à l'extension « détecteur de foutaises »
Aveu d'impuissance ou erreur manifeste fasse aux fausses actualités ?
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Le , par Stéphane le calme
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