Donald Trump, le 45ème président des États-Unis, prendra officiellement ses fonctions en janvier 2017. Pourtant, une vague d’incertitude face à la personnalité qui semble insaisissable du nouveau leader semble gagner ses concitoyens. Une situation qui est illustrée par exemple par le fait que le site web du ministère canadien de l'immigration a progressivement ralenti puis a planté quand Donald Trump s'est approché de la barre des 270 grands électeurs, synonyme de victoire. Il en va de même pour la messagerie sécurisée ProtonMail qui a observé une montée en puissance dans l’utilisation de ses services après l’élection du président américain, probablement à cause du contrôle que le président pourra exercer sur les agences de renseignement comme la NSA.
D’ailleurs, dans un billet, Andy Yen, l’un des co-fondateurs de ProtonMail, y va de son analyse : « en raison de la façon dont le gouvernement américain est structuré, le président Trump aura un grand contrôle sur la NSA. La NSA n'est pas différente de toute autre agence fédérale que le président contrôle. Le président américain sera en mesure de dicter la façon dont l'agence opère par le pouvoir qui lui est conféré et de nommer le directeur de la NSA. Le directeur de la NSA doit être confirmé à la majorité des voix par le Sénat des États-unis. Cependant, en raison du contrôle républicain sur le Sénat, le président Trump aura la liberté totale de nommer toute personne qu'il veut pour exécuter ses ordres ».
« Toutefois, en tant qu'organisme fédéral, les activités de la NSA sont régies par la loi fédérale, en particulier la Foreign Surveillance Act. Pourtant, avec le contrôle républicain sur les deux chambres du Congrès, le président Trump aura la capacité de réécrire FISA comme bon lui semble ou d'introduire une nouvelle loi. Bien sûr, une nouvelle loi pourrait faire l'objet d'une contestation judiciaire qui pourrait éventuellement faire son chemin jusqu'à la Cour suprême des États-Unis, mais Trump devrait également prendre le contrôle de la Cour suprême. Par conséquent, tout bien considéré, on ne peut nier que le président Trump aura de vastes pouvoirs pour reformuler l'appareil de surveillance américain pour servir son programme ».
Comme le montrent les statistiques présentées par ProtonMail, depuis la victoire de Trump le flux de ses nouveaux utilisateurs a doublé. « Nombreux sont nos nouveaux utilisateurs qui ont exprimé quelques préoccupations communes à la fois sur Twitter et aussi dans les courriels qu’ils nous ont adressés. Étant donné la rhétorique de campagne de Trump contre les journalistes, les ennemis politiques, les immigrants et les musulmans, il est à craindre que Trump ne puisse utiliser les nouveaux outils dont il dispose pour cibler certains groupes. Puisque la NSA fonctionne actuellement complètement hors du champ de vision du public et avec très peu de surveillance juridique, tout cela pourrait être fait en secret ».
Yen souligne cependant que si son billet semble accuser Trump et ses partisans, il n’en est rien : « ce n’est pas de la faute de Trump », avance-t-il, expliquant que « tout ce que Trump fait c'est mettre un nouveau visage sur le problème de la vie privée. Donc maintenant il concerne un segment de la population qui auparavant ne s’en souciait pas autant ».
Yen rappelle que les utilisateurs du service viennent à la fois de la gauche et de la droite. « La même terreur qu’a éprouvée la droite est maintenant ressentie dans des bulles libérales comme la Silicon Valley pour la première fois. La gauche a raison d'être terrifiée par une NSA dirigée par Trump qui surveille leurs communications, d'autant plus que les géants de la Silicon Valley comme Google et Facebook peuvent être forcés d'espionner les utilisateurs pour le compte de la NSA de Trump. Cependant, ce précédent n'a pas été fixé par Trump (qui n'a même pas encore pris ses fonctions). Le premier incident majeur d'un géant de la technologie US complice de l'espionnage du gouvernement américain a eu lieu en 2015 sous l'administration Obama ».
Source : billet ProtonMail
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Le , par Stéphane le calme
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