En termes de part de marché, Linux traine encore avec 2 % depuis fin juin, d’après les statistiques de Net Applications. Avec une telle part de marché, il faut encore indiquer que Linux est au mieux de sa forme, puisque le système n’avait jamais été au-dessus des 2 % sur au moins les deux dernières années, pour les statistiques de Net Applications que nous avons pu consulter. Mais pourquoi, alors que du côté des développeurs, Linux semble très apprécié ? Pour répondre à cette question, on pourrait parcourir la liste des problèmes qui freinent l'adoption de Linux chez les utilisateurs, et de manière non exhaustive, on peut citer les éléments suivants :
- Constructeurs proposant des PC avec Linux préinstallé. Apple livre son macOS sur ses Mac. Microsoft, en plus de fabriquer ses propres PC maintenant, est lié par contrat à de nombreux constructeurs qui livrent des PC avec Windows préinstallé. Même Google, encore très jeune sur le marché des PC, a su trouver des partenaires pour préinstaller ses Chrome OS. Linux, de son côté, s'est longtemps positionné en tant que remplaçant sur des PC d'utilisateurs avertis qui ne veulent plus de Windows, ou de développeurs qui ont besoin de Linux pour un travail bien précis. Heureusement, il y a un nombre croissant de revendeurs qui proposent des ordinateurs avec Linux préinstallé, en général Ubuntu. Mais cela ne suffit pas pour propulser Linux étant donné que du côté des grands noms du PC, en dehors de Dell qui propose des PC Ubuntu, il n'existe peut-être pas de constructeurs qui fournissent des PC avec Linux préinstallé ;
- Des applications de productivité modernes et riches en fonctionnalités. Un système, aussi performant et convivial soit-il, s’il n’est pas accompagné des applications qu’il faut, aura du mal à convaincre. Et l’un des problèmes de Linux, c’est qu’il n’y a pas assez de logiciels open source qui peuvent être des alternatives robustes aux logiciels propriétaires populaires, même si pour des fans du système, les alternatives open source disponibles peuvent déjà couvrir leurs besoins. On constate que les applications de productivité open source sont en retard sur les alternatives propriétaires et le fossé continue d’augmenter. On peut le remarquer en comparant par exemple Microsoft Office à LibreOffice. La suite bureautique libre est assez dépourvue de fonctionnalités par rapport à celle de Microsoft ;
- Support des logiciels propriétaires. Cela va probablement déplaire aux grands fans de l’open source, mais en apportant les logiciels propriétaires populaires comme Microsoft Office et bien d’autres sur Linux, on augmente considérablement les chances de voir les utilisateurs passer à Linux. Des initiatives telles que celle de Microsoft pour apporter SQL Server sur Linux seront les bienvenues pour l'écosystème. C’est également une solution au problème précédent ;
- Compatibilité avec les applications internes. En entreprise, l'un des principaux freins à la migration vers Linux est le poids des technologies propriétaires dans les développements spécifiques existants, par exemple, des applications internes qui reposent essentiellement sur Windows ou sur Internet Explorer. Le risque de voir ces applications ne plus fonctionner après migration est élevé. On peut encore penser aux macros Office développées pour l'entreprise qui ne fonctionnent plus ou pas correctement quand le document est ouvert sur LibreOffice ;
- Interface et expérience utilisateur. Au niveau de l'interface et de l'expérience utilisateur, les distributions Linux ne sont en général pas le meilleur choix, offrant parfois des interfaces très basiques et une expérience utilisateur pas aussi riche que celle qu’on peut trouver sur Windows. Il faut toutefois noter des progrès significatifs au niveau de certaines distributions pour rendre Linux plus convivial ;
- Écosystème trop fragmenté. Si la fragmentation peut avoir des avantages, il existe également des inconvénients. L’excès de fragmentation disperse les efforts de la communauté open source et limite les chances d’offrir des systèmes et applications robustes pour concurrencer les systèmes et applications des grands éditeurs. Ici, nous faisons aussi allusion à la quantité astronomique de distributions Linux qui est aussi rebutante pour l'utilisateur, même si la plupart d'entre elles ne lui sont pas destinées ;
- Support des pilotes. Malgré les mises à jour de pilotes qui sont faites à chaque version du noyau, Linux a encore besoin d'un meilleur support de pilotes, surtout pour l'audio et la vidéo. Certains utilisateurs peuvent également noter des problèmes de pilote d’imprimantes, sans oublier les pilotes graphiques. Il faut toutefois préciser que si le support du matériel récent peut être un problème sous Linux, en revanche le problème s'inverse pour le matériel ancien, souvent mieux supporté par Linux que par les dernières versions de Windows ;
- Habitudes et résistance au changement. Il s'agit également d'un frein à la croissance de Linux. Les utilisateurs ont déjà l'habitude des systèmes comme Windows, il est donc difficile de les faire changer. Cette résistance au changement ne concerne pas que Linux, mais également des systèmes et logiciels propriétaires, par exemple, passer de Microsoft Office 2003 à Office 2007. Ce genre de changement n'est pas facile à accepter pour les utilisateurs et même pour les entreprises, à moins qu'il y ait une pression comme la fin de support.
Ce n’est pas la liste exhaustive des problèmes qui empêchent Linux de gagner du terrain sur le marché des PC. Vous en avez peut-être expérimenté bien d’autres, si vous avez déjà utilisé Linux. Quels sont donc selon vous, ce qui manque à Linux et les problèmes qui rendent difficile pour le système de convaincre les utilisateurs de PC ?
Et vous ?
Qu’est-ce qu'il faut à Linux pour convaincre les utilisateurs de l’adopter comme principal OS de bureau ?
Voir aussi :
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Linux s'est maintenu au-dessus des 2 % de part de marché durant les trois derniers mois, selon les chiffres de Net Applications
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