Photos prises par la sonde américaine MRO de l'impact de l'atterrisseur Schiaparelli (point noire) et de son parachute (point blanc)
Les premiers éléments de réponse pour expliquer le crash commencent à surgir ; les chercheurs se sont rendu compte qu’un bogue informatique pourrait être à l’origine de l’accident de l’atterrisseur de la mission européenne ExoMars. Selon Andrea Accomazzo, directeur de la division des missions solaires et planétaires à l’Agence spatiale européenne (ESA), Schiaparelli a été confronté à un problème dans « l’agrégation des données provenant des différents capteurs ». En conséquence, l'ordinateur de l’atterrisseur a cru être dans une altitude plus basse qu’elle ne l’était. L’analyse préliminaire suggère que l’atterrisseur a commencé sa mission sans erreur, en ralentissant dans l’atmosphère de Mars et déployant le parachute. Mais après 4 minutes et 41 secondes du début de la descente, les soucis ont commencé, le parachute et le bouclier thermique se sont éjectés de façon prématurée.
En raison de la mauvaise estimation de l’ordinateur, les rétrofusées de l’atterrisseur n’ont fonctionné que pendant trois secondes avant de s’éteindre, soit dix fois moins que le temps prévu. Ils ont été conçus pour freiner l’engin durant l’atterrissage jusqu’à ce qu’il soit à quelques mètres du sol. En conséquence, Schiaparelli aurait effectué une chute libre de deux à quatre kilomètres avant de s’écraser à 300 km/h à la surface de Mars. L'atterrisseur a même déployé sa suite d’instruments pour commencer à collecter les données du sol, mais il n’a rien collecté en raison de la haute altitude. L’équipe d’ExoMars compte maintenant reproduire les erreurs en exploitant un système d’atterrissage virtuel conçu pour simuler le matériel et les logiciels abrités dans l’atterrisseur. Si l’hypothèse d’un bug informatique venait d’être vérifiée, il sera plus facile pour l’ESA d’éviter un scénario similaire dans le futur.
La mission n’est pas condamnée pour autant, puisque l’ESA compte surtout sur la sonde ExoMars Trace Gas Orbiter (TGO) lancée également avec Schiaparelli pour servir à l’analyse atmosphérique de Mars, en particulier la détermination de l'origine du méthane retrouvé à l'état de trace ainsi que la recherche d'indices d'une vie passée ou présente sur la planète. L’ESA devrait éventuellement corriger tout défaut avant 2020, date durant laquelle l’agence compte envoyer un autre module appelé Rover ExoMars. Ce programme s’est avéré fort complexe que ça soit sur le plan scientifique ou technique, une complexité qui se manifeste par son coût important (1,2 milliard € en 2012) et la nécessité de mettre sur la table des connaissances techniques pointues (atterrissage sur Mars) maitrisées jusque-là uniquement par la NASA.
Source : Nature
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