Une startup en Silicon Valley a annoncé un partenariat avec l’Institut de Recherche de Toyota, BMWi Ventures (une firme de capital risque fondée par BMW) et la compagnie d’assurance Allianz Ventures afin d’amener l’analyse du conducteur dans les voitures autonomes. La startup utilise des caméras et un système d’intelligence artificielle pour traquer et comprendre le comportement des conducteurs.
Le directeur général de Nauto a précisé que les constructeurs et les assureurs vont intégrer cette technologie dans leurs véhicules de test et exploiter les données agrégées et anonymisées, que ça soit sur les habitudes des conducteurs, les intersections difficiles ou la congestion du trafic ; à terme, cela permettra d’aider les constructeurs à développer les stratégies de véhicules autonomes. Le système actuel de Nauto utilise un appareil de 400 dollars attaché au parebrise, il comprend une caméra et un système de vision destinés à collecter les données et à les analyser avec l’apprentissage machine. Le système peut détecter certains traits comme l’état d’ivresse ou le fait d’utiliser le téléphone au volant, ce qui aide les assureurs à évaluer le risque, à prévenir les fraudes et à récompenser les bons conducteurs.
À long terme, Nauto compte intégrer ses systèmes dans de nouveaux véhicules de production, se basant sur un large réseau cloud de données qui va non seulement se charger de capturer comment se comportent les véhicules et les conducteurs, mais aussi traquer les conditions de route et les autres incidents de sécurité à l'extérieur de la voiture. Les informations regroupées sur les bons et mauvais comportements et la myriade de situations auxquelles seront confrontés les conducteurs sur les routes urbaines, sont essentielles pour les constructeurs et les aident à mieux programmer leurs voitures autonomes et semi-autonomes.
Ce partenariat est également intéressant dans la mesure où l’avancement de la technologie et la baisse des prix des voitures ont le potentiel d’affecter l’industrie d’assurance. Comme le but ultime des constructeurs est d’éliminer le risque d’accident, certains se demandent si les compagnies d’assurance pourraient survivre dans le futur. Les voitures autonomes sont déjà là et des dizaines de firmes et centres de recherches travaillent dur pour améliorer la technologie. Tesla estime que la fonctionnalité d’autopilot réduit le risque d’accident à 50 % et elle est toujours en version bêta. Pour le président de Volvo, la vision du constructeur est d’arriver à un taux de mort ou de blessure des passagers de leurs voitures égal à zéro.
Le montant global des cotisations d’assurance en France est estimé à 205,7 milliards d’euros (année 2015), ce qui place le pays en deuxième position à l’échelle européenne derrière le Royaume-Uni et devant l’Allemagne. L’industrie d’assurance emploie également en France 146 600 personnes, ce qui en fait un pourvoyeur important de l’emploi. Avec le développement rapide de voitures autonomes et le but établi de réduire au minimum le risque d’accident, beaucoup se demandent comment vont s’adapter les compagnies d’assurance et si elles ne sont pas menacées par ces mutations.
Le manque d’information qui persiste en ce moment fait qu’il est difficile d’évaluer le risque des voitures autonomes. Certaines firmes assurent leurs voitures elles-mêmes, à l’image de Google, Mercedes et Volvo. Mais il faut relever d’autres implications négatives dans cette situation, notamment le fait que les startups opérant dans ce domaine et qui sont généralement les plus innovantes sur le terrain n’ont pas la capacité de fournir une telle assurance de leurs produits.
L’existence de systèmes qui traquent et surveillent tout le temps les conducteurs constitue également un fardeau pour la confidentialité, et va permettre aux assureurs d’avoir accès à une information parfaite, ce qui va à l’encontre de l’éthique de leur industrie. Pourquoi offrir une assurance quand le résultat peut être prédit par avance ? En effet, les gens ont recours à des assurances parce que personne ne peut prédire s’il y aura un accident ou non, mais si un acteur a plus d’informations que les autres (asymétrie d'information), c’est toute l’offre d’assurance qui devient moralement contestable. À terme, si le but des assureurs est de rassembler le plus d’informations possible sur les conducteurs de telle façon qu’ils peuvent tout savoir, cela devient paradoxal avec le but de l'existence de l’assurance en premier lieu. Cela suggère également que cette industrie devrait prôner la défense et la mise en place de mécanismes de protection de la confidentialité.
Avec le flux de données auquel auront accès les compagnies d’assurance, elles pourront également changer leur modèle économique. En passant à des primes d’assurance dont la valeur change en temps réel et devient adaptée pour chaque profil de conducteur. Par exemple, si la voiture détecte que le conducteur est en état d’ivresse, la prime d’assurance va augmenter pendant un certain laps de temps, jusqu’à ce que le conducteur arrive à destination. La question de savoir si les véhicules autonomes sont sûrs reste encore un sujet de débat et n’a pas été prouvée empiriquement. Mais les systèmes similaires à celui développé par Nauto et le progrès rapide de l’intelligence artificielle sont appelés à profondément marquer l’industrie de l’automobile et d’assurance.
Source : Reuters - Forbes
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Le , par Coriolan
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