Comme c’était prévisible, les derniers rapports sur Yahoo pourraient mettre à mal le rachat du fournisseur de services sur internet par le géant des télécommunications Verizon. En effet, d’après le quotidien The New York Post, des sources lui auraient fait savoir que Verizon réclame une réduction d’un milliard de dollars sur son accord en cours pour le rachat de Yahoo.
Yahoo a annoncé son rachat par Verizon en juillet dernier, pour le montant de 4,8 milliards de dollars. Avec cette offre, Verizon va non seulement acquérir le cœur de métier sur internet de Yahoo, mais entrer également en possession de plusieurs propriétés immobilières. Il s’agit d’une opération stratégique pour le géant américain des télécommunications qui avait prévu de conserver la marque Yahoo, mais de placer la société sous sa filiale AOL, rachetée il y a seize mois. L’objectif est de créer, avec Yahoo/AOL, un effet de synergie afin de rivaliser avec Google et Facebook dans le domaine de la publicité en ligne.
Mais avec les derniers rapports sur Yahoo, les choses ne s’annoncent pas bien pour Verizon. Yahoo a tout d’abord annoncé avoir été piraté en 2014, une attaque qui a exposé plus d’un demi-milliard de comptes d’après la société. À cela, s’ajoutent de nombreux témoignages d’anciens employés et responsables de Yahoo, qui mettent à nu les pratiques de sécurité irresponsables de la société sous Marissa Mayer. Et il y a quelques jours, on apprend encore que Yahoo a développé un logiciel pour aider la NSA ou le FBI à espionner les emails reçus par ses utilisateurs, à la recherche de certains termes spécifiques.
Alors que les révélations se poursuivent, les sources du New York Post affirment que Tim Armstrong, le patron d’AOL s’est rendu sur la côte Ouest des États-Unis ces derniers jours, pour s’entretenir avec les responsables de Yahoo. Il est assez contrarié par les mauvaises nouvelles sur Yahoo, affirment les sources. Verizon estimant que la valeur de la firme a diminué, le directeur général d’AOL a donc effectué ce voyage pour réclamer une réduction d’un milliard $ sur le prix du rachat de Yahoo. La réduction réclamée serait une sorte de prime d’assurance qui devrait aider à faire face aux dommages que les scandales sur Yahoo pourraient causer. C’est d’ailleurs ce qu’a suggéré Ross Levinsohn, l’ancien PDG de Yahoo par intérim. « Si j'étais assis à Verizon en ce moment ... juste d'un point de vue business, j'aurais probablement réservé un paquet d'argent à cause de l'accord ou je serais retourné vers Yahoo pour demander une réduction », a-t-il suggéré dans une interview avec CNBC.
D’après les sources, Yahoo de son côté refuse catégoriquement d’entendre la demande de Tim Armstrong, considérant « qu’un deal est un deal » et qu’il n’y aucun recours légal pour changer les termes qui ont été établis dans le contrat.
Mise à jour le 14/10/2016 : Verizon estime que le piratage de Yahoo pourrait avoir un « impact significatif » susceptible de permettre l’annulation du contrat de rachat
S’adressant aux journalistes lors d’un évènement de Verizon Communications à Washington DC, Craig Silliman, l’avocat général de la société, a fait savoir le jeudi que Verizon peut sur une « base raisonnable » demander l’annulation de l’accord de 4,8 milliards $ pour le rachat de Yahoo. « Je pense que nous avons une base raisonnable de croire maintenant même que l'impact est significatif et nous voulons que Yahoo nous démontre l'impact. S'ils croient que ce n'est pas le cas, alors ils auront besoin de nous montrer cela », dit-il.
La grosse violation de sécurité dans laquelle plus d’un demi-milliard de comptes ont été piratés pourrait en effet déclencher une clause du contrat qui permet au géant des télécommunications de renoncer à l’acquisition. La clause en question permettrait à Verizon de se retirer si un nouvel événement « est susceptible d'avoir un effet défavorable important sur l'entreprise, les actifs, les propriétés, les résultats d'exploitation ou la situation financière de l'entreprise. »
Yahoo a déjà fait un briefing à son acquéreur en ce qui concerne le piratage de 2014, mais Verizon a demandé plus d’informations avant de prendre une décision sur l’ampleur de l’impact de la violation de sécurité, explique Silliman. D’après l’avocat général, l’opération de rachat a été déjà approuvée par la Federal Trade Commission des États-Unis, mais devrait encore être validé par la Commission européenne et la Securities and Exchange Commission des États-Unis. De son côté, Yahoo persiste sur le fait que la valeur de son entreprise n’a pas baissé. « Nous avons confiance dans la valeur de Yahoo et nous continuons à travailler pour l'intégration avec Verizon », a déclaré un porte-parole de l’entreprise.
Sources : The New York Post, Reuters
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Les scandales dans lesquels Yahoo est impliqué menacent-ils l’accord avec Verizon ?
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Le , par Michael Guilloux
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