Cela fait presque deux décennies que l’ICANN, l’autorité suprême de régulation de l’internet est sous la tutelle du gouvernement américain. Sa mission principale consiste en l’administration des ressources numériques d’internet. Cela concerne notamment l’adressage IP ou encore l’attribution des noms de domaine de premier niveau. Après le 30 septembre 2009, l’ICANN devait normalement prendre son indépendance en vertu d’un contrat avec le gouvernement américain qui s’est expiré à cette date. Ledit contrat stipulait que si l’ICANN remplissait un certain nombre d’objectifs jusqu’au 30 septembre 2009, l’autorité de régulation de l’internet allait obtenir son indépendance vis-à-vis du gouvernement américain. Estimant avoir atteint ces objectifs, l’ICANN a demandé son indépendance, mais sa requête n’a pas été acceptée par les États-Unis.
Après des pressions extérieures, notamment de l’Union européenne, en mars 2014, le gouvernement américain a annoncé son intention de renoncer au contrôle de l’ICANN et de confier sa gestion à une organisation internationale. Estimant que les conditions étaient maintenant réunies, le mois dernier, les autorités américaines, par le biais de l’administration nationale des télécommunications et de l’information (NTIA), ont annoncé leur intention de mettre fin à leur fonction de tutelle à partir du 1er octobre 2016.
À dix jours de cette date, Donald Trump s’oppose fermement au plan du gouvernement américain de céder le contrôle de l’internet à des puissances étrangères. Dans un communiqué relayé par Stephen Miller, directeur de la politique nationale pour sa campagne, le candidat républicain aux élections des États-Unis appelle le peuple américain à soutenir les républicains qui sont déterminés à stopper le plan du gouvernement Obama.
« Donald J. Trump est déterminé à préserver la liberté de l’internet pour les populations et citoyens américains partout dans le monde. Les États-Unis ne devraient pas céder le contrôle de l'internet à l'Organisation des Nations Unies et la communauté internationale. Le président Obama a l'intention de le faire de sa propre autorité — dans dix jours, le 1er octobre —, à moins que le Congrès agisse rapidement pour l'arrêter », a-t-il dit dans son communiqué. Et d’ajouter que « les républicains au Congrès mènent de manière admirable une lutte pour sauver l'internet cette semaine et ont besoin de toute l'aide que le peuple américain peut leur donner pour réussir. Hillary Clinton [et les démocrates] refusent de protéger le peuple américain en ne protégeant pas l'internet. »
Pour Donald Trump, l’internet est en quelque sorte la propriété des États-Unis et le pays de l’oncle Sam serait mieux placé pour assurer un internet libre et ouvert. En renonçant à la supervision de l’ICANN, cette liberté risque d’être perdue, notamment à cause des pays comme la Chine et la Russie qui pratiquent la censure en ligne. « Les États-Unis ont créé, développé et étendu l'internet à travers le monde. La supervision des États-Unis a gardé l'internet libre et ouvert sans censure gouvernementale - une valeur fondamentale américaine ancrée dans la clause de liberté d'expression de notre Constitution. La liberté de l'internet est maintenant en danger avec l'intention du président de céder le contrôle pour les intérêts internationaux, y compris des pays comme la Chine et la Russie, qui depuis longtemps essaient d’imposer la censure en ligne. Le Congrès doit agir ou la liberté de l'internet sera perdue pour de bon, car il n'y aura aucun moyen de la restaurer une fois qu'elle est perdue », rapporte Stephen Miller.
Par ce communiqué, le candidat républicain aux élections présidentielles des États-Unis semble clairement se soucier uniquement des intérêts de son pays. C’est le sénateur du Texas, Ted Cruz, ancien adversaire de Trump aux primaires présidentielles qui conduit le mouvement au Congrès pour bloquer la transition, pour les raisons évoquées par Donald Trump : la menace de la Chine et la Russie. Pour certains experts, les allégations du candidat républicain sont sans fondement et, si ce mouvement est soutenu par les Américains, cela ne pourrait que miner la crédibilité des États-Unis dans les futures négociations internationales sur les normes et la sécurité de l'internet.
Sources : site officiel de Donald Trump, Reuters
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ICANN : Donald Trump s'oppose au plan d'Obama de renoncer au contrôle de l'internet
Et appelle les Américains à le soutenir
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Le , par Michael Guilloux
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