Vendredi dernier, un nouvel élément dans l’affaire de la fraude du test d’émission de gaz qui a frappé le constructeur automobile Volkswagen a fait surface : un ingénieur de l’entreprise a plaidé coupable dans son rôle pour tromper le gouvernement américain ainsi que les consommateurs pendant près d’une décennie sur la quantité réelle d’émission de gaz de certains modèles. James Robert Liang, l’homme de 62 ans qui a admis avoir développé un logiciel qui a permis de fausser les résultats des tests, a décidé de coopérer avec la justice.
Pour rappel, pour obtenir le droit de commercialiser un véhicule, tout constructeur doit se soumettre à une batterie de tests, destinés à mesurer le niveau d’émission de composants polluants. Pour cela, le véhicule est utilisé selon des critères précis, qui permettent d’établir les niveaux exacts d’émission de particules : si ces derniers sont trop élevés, l’autorisation de commercialisation n’est pas délivrée.
Selon ses déclarations, de 1983 à mai 2008, Liang travaillait dans le département de développement diesel à Wolfsburg (Allemagne). Il a reconnu qu’au début de 2006, lui et ses co-conspirateurs ont commencé à travailler sur un nouveau moteur « EA 189 » pour les ventes aux États-unis. Lorsque lui et ses co-conspirateurs ont découvert qu’ils ne pourraient pas concevoir un moteur diesel qui respecterait la norme d’émission américaine, pour contourner le problème, ils ont décidé de développer un logiciel qui reconnaîtrait lorsqu’il est en situation de test ou tout simplement en route afin de frauder le test d’émission de gaz.
Pour fausser les résultats des normes antipollution, un algorithme était installé dans l’unité de commande électronique des Volkswagen dont le but était de détecter automatiquement, et donc sans intervention humaine, à quel moment le véhicule était soumis à un test de mesures d’émission de gaz par les autorités compétentes. Pour ce faire, il analysait certains paramètres qui étaient identiques à la procédure des tests en laboratoire : position du volant, pression barométrique, capot ouvert, vitesse du véhicule, etc. Ces différentes phases étant normalisées, il était aisé de concevoir un logiciel qui saurait les reconnaître.
Par la suite, en mai 2008, Liang s’est déplacé aux États-Unis pour participer au lancement des moteurs Volkswagen « clean diesel » sur le marché américain. Des employés de Volkswagen et de sa succursale américaine ont rencontré les membres de l’EPA et de la California Air Ressources Board (CARB) pour chercher les certifications requises pour vendre sur le marché américain. Liang a admis que, durant certaines de ces réunions auxquelles il a assisté personnellement, ses co-conspirateurs ont menti sur le fait que les véhicules diesel de Volkswagen étaient conformes aux normes américaines et ont caché la présence du dispositif visant à frauder les tests aux régulateurs américains.
Dans le cadre du processus de certification pour chaque nouveau modèle année après année, notamment des modèles sur les années 2009 à 2016, les co-conspirateurs ont continué à certifier frauduleusement à l’EPA et au CARB que les véhicules diesel Volkswagen étaient conformes aux normes américaines sur les émissions de gaz et aussi conformes à la loi sur l'assainissement de l'air. Liang a admis que pendant ce temps, lui et ses co-conspirateurs savaient que Volkswagen commercialisait ses véhicules diesel au public américain comme étant « diesel clean » et respectueux de l'environnement tout en faisant la promotion d’une économie de carburant accrue que les consommateurs allaient réaliser s’ils se décidaient à acheter. Liang et ses co-conspirateurs savaient que ces affirmations étaient fausses et que les véhicules diesel de Volkswagen n’étaient pas « clean diesel ».
Il a également admis qu’après la découverte du pot aux roses par une étude indépendante fin 2015 qui a montré que le taux d’émission d’oxydes d’azote pouvait être 10, voire 40 fois plus élevée que les niveaux de conformité de l’EPA, il a continué d’aider ses co-conspirateurs à mentir à l’EPA, au CARB et aux clients Volkswagen.
Liang risque jusqu’à cinq ans d’emprisonnement pour son rôle dans cette affaire où il est accusé de « complot en vue de frauder les États-Unis ». Cependant, en coopérant avec les forces de l’ordre, sa peine peut être réduite.
Source : décision de justice
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Scandale Volkswagen : un ingénieur derrière le logiciel pour fausser les résultats des tests antipollution plaide coupable
Et décide de coopérer
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Le , par Stéphane le calme
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