Qui est ce groupe Shadow Brokers qui aurait piraté la NSA et mis aux enchères son arsenal d’espionnage, y compris des failles de sécurité existantes dans les systèmes de certaines entreprises ? Jusqu’ici, la Russie était soupçonnée d’être à l’origine de cette fuite, comme Edward Snowden tendait à conclure dans son analyse des faits. Mais il semble à présent qu’il s’agisse d’une fuite venant de l’intérieur plutôt que d’un piratage externe.
Il ne faudra peut-être plus beaucoup de temps avant de démasquer les Shadow Brokers. De nombreux indices depuis le début des analyses laissent en effet croire qu’un second « Edward Snowden » pourrait être derrière la vente des outils de la NSA. Mais pourquoi la piste d’un autre employé de la NSA serait-elle plus plausible ?
D’abord, les analyses de Shlomo Argamon, professeur et directeur du programme de master en sciences de données à l'Illinois Institute of Technology, montrent que celui ou ceux qui se cachent derrière les Shadow Brokers pourraient être plus proches de la NSA que l’on pourrait le penser et non des attaquants venant de loin comme la Russie. Après avoir fait une analyse linguistique des messages postés par les Shadow Brokers, en supposant qu’il s’agit d’une seule et même personne, Argamon arrive à la conclusion selon laquelle l’auteur serait un anglophone qui essaierait de se faire passer pour quelqu’un qui n’a pas l’anglais pour langue maternelle, logiquement pour essayer de brouiller les pistes. Ce qui peut, du coup, remettre en cause la piste de pirates russes.
D’anciens agents de la NSA, qui ont décidé de rester dans l’anonymat, vont plus loin dans leur analyse et pensent que la fuite viendrait de l’intérieur même. « Mes collègues et moi sommes presque certains que ce n'était pas un hack, ou un groupe », c’est ce qu’a déclaré l'un d'entre eux au site Motherboard. Ce dernier exerçait en tant qu’analyse en cyber intrusion à l’agence. « Ce personnage [derrière] ‘Shadow Brokers’ est un seul gars, un employé en interne », dit-il. Il pense en effet que ce serait beaucoup plus facile pour une personne en interne de voler les données, comme l’a fait Snowden, que pour une personne à l’extérieur de pouvoir les obtenir, même la Russie. En fait, il explique que « les conventions de nommage des répertoires de fichiers, ainsi que certains des scripts dans la fuite étaient accessibles uniquement depuis l’intérieur », parce que stockés sur une machine physiquement isolée du réseau. Ils seraient donc inaccessibles à toute personne non physiquement présente dans le bâtiment de la NSA.
Il tenait surtout à amener les gens à ne pas garder leurs regards sur la Russie alors qu’il est plus plausible que ce serait une personne comme lui, qui travaille ou qui a travaillé à la NSA, qui serait à l’origine de la fuite. « Nous sommes à 99,9 pour cent sûrs que la Russie n'a rien à voir avec cela et même si toutes ces spéculations sont plus sensationnelles dans les médias, la théorie de l'employé en interne ne doit pas être rejetée. Nous pensons qu'elle est plus plausible… Je sens une responsabilité personnelle de proposer la théorie la plus plausible en mon nom et [au nom] du reste des gars comme moi ».
Un autre ancien agent de la NSA également couvert par l’anonymat a également validé cette théorie, estimant qu’il est beaucoup plus facile de sortir de la NSA avec une clé USB ou un CD contenant ces données que de pirater les serveurs de l’agence.
Il est également important de noter, comme l’indique le magazine scientifique international New Scientist, que les outils de la NSA auraient été volés autour d’octobre 2013, soit cinq mois après que Snowden s’est réfugié à Hong Kong. Cela confirme le fait que si c’est un employé de la NSA, c’est peut-être alors un autre qui a été inspiré par le courage d’Edward Snowden.
Sources : Shlomo Argamon, Motherboard, New Scientist
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Shadow Brokers : un autre « Edward Snowden » serait-il à l'origine de la fuite ?
La théorie d'un dénonciateur en interne semble plus plausible
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Le , par Michael Guilloux
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